LE RADEAU DE LA MÉDUSE

Embarquez pour une heure de pur bonheur à la découverte du tableau mythique de Géricault !

 Écrit et mis en scène par Alexandre Delimoges, le spectacle « Le radeau de la Méduse » nous emmène dans une exploration du célébre tableau éponyme. Contextualisés, interprétés et transmis avec maestria, les secrets du chef-d’oeuvre de Géricault nous sont contés par une conférencière hors-du-commun, aussi irrésistible qu’experte, incarnée par Anne Cangelosi.

 Alexandre Delimoges, passionné d’Histoire et amoureux des « chercheurs d’absolu », brûlait de nous faire partager son immense admiration pour l’humanisme, la liberté et la soif de justice de Géricault. Il a donc logiquement choisi d’écrire sur Le radeau de la Méduse, tableau immense achevé après 18 mois de travail et pièce maîtresse du mouvement pictural romantique, qui porte en lui ces valeurs et ces aspirations. 

C’est Anne Cangelosi qui endosse avec brio le rôle de la conférencière qui nous entraîne, tambour battant, dans les méandres de cette scène de naufrage. On vit la dérive avec les quelques survivants accrochés à l’espoir autant qu’à leur embarcation de fortune. La conférencière de haut-vol, pleine de verve, d’énergie, d’humour mais aussi de gravité, nous tient en haleine tout au long de cette exploration. On découvre les mystères du tableau aux accents de tragédie qui transgresse entre autres les codes de la peinture de l’époque. 

Peinture d’Histoire, peinture du réel 

La comédienne embarque sur la frégate du roi Louis XVIII qui, partie de France avec 400 personnes à son bord vers les comptoirs du Sénégal, fait naufrage le 2 juillet 1816 au large de la Mauritanie, suite à l’incompétence du capitaine. Ne reste alors qu’un radeau auquel s’accrochent 147 survivants, au milieu de la tempête et de l’effroi. Après près de deux semaines de supplice, il ne reste que 15 rescapés, sauvés in extremis

La portée du fait divers 

La performance d’Anne Cangelosi est remarquable. Sa présence se décline dans un texte à l’écriture précise et aux effets maîtrisés. On ne peut que s’attacher à ce personnage, pourtant parfois cinglant, tant il captive. 

Malgré un sujet qui, de prime abord, pourrait s’avérer ésotérique, cette conférencière d’exception insuffle de la légèreté à ses démonstrations. Dans la salle, le public est happé par la dimension dramatique du récit, par cet enchaînement d’événements malheureux qui ont mené à la catastrophe qu’on connaît mais dont on oublie parfois qu’elle a réellement eu lieu. Témoignage de l’actualité du début du XIXe siècle, le tableau offre un éclairage historique et, dans le secret révélé des ses symboles, Anne Cangelosi décode les positionnemements sociaux, artistiques et politiques du moment. 

L’art de la transmission 

La conférencière, comme pour rendre son sujet encore plus abordable, interagit avec le public hilare et conquis. 

Ce seule-en-scène drôle et intelligent nous révèle le contexte de la réalisation de ce tableau certes célèbre mais aux tenants parfois mal connus. Les dimensions de sa toile ne furent pas les seules à faire impression. L’émotion et le scandale furent à la hauteur des enjeux artistiques et politiques du chef-d’oeuvre. 

Anne Cangelosi incarne un modèle de professeure qui sait partager sa passion pour une discipline, et qui, avec une érudition humble se met à la portée de tous, en osant jusqu’à l’humour dans la transmission de la connaissance. Elle happe son audience et, l’air de rien, on sort du théâtre indéniablement plus instruits. 

Aux férus d’Histoire, d’art ou aux néophytes de tous âges, on ne peut que recommander de monter à bord sans hésiter.

Du 3 avril au 28 mai, à la Comédie Bastille

Par Émilie Hangue-Moquiot