LE RÊVE DE MERCIER – Rencontre avec l’auteur et la comédienne

Que raconte la pièce ?

Alain Pastor : La pièce raconte le destin tragique d’une jeune aristocrate française, devenue princesse de Monaco par mariage, sous la Terreur. De sa rencontre imprévue avec l’écrivain Louis-Sébastien Mercier (interprété par Patrick Courtois), révolutionnaire sincère mais lui aussi détenu, va naître le fol espoir d’échapper à la guillotine, d’autant plus qu’au dehors se trame une conjuration contre Robespierre.
Séverine Cojannot : C’est aussi et surtout la peinture d’une époque passionnante, celle de la Révolution. Ici, c’est le revers de l’idéal de Liberté qui est montré avec le basculement dans la Terreur, l’obscurantisme. Pascal Vitiello, le metteur en scène, m’a envoyé la pièce en plein confinement et cette époque un peu folle m’a fait penser à la nôtre par certains aspects.

Quelle est la part de réalité, la part de fiction ?

AP : Pour reprendre une phrase célèbre, je dirai que tout est vrai et rien n’est vrai. Les personnages ont existé, le contexte historique est conforme à la réalité des événements, ici la Révolution française, seule la rencontre entre la jeune princesse et Mercier n’a jamais eu lieu.

M. Pastor, Le rêve de Mercier : une pièce historique ou un hommage à Françoise- Thérèse de Choiseul Stainville ?

Les deux, sans doute. J’ai toujours aimé les pièces historiques, évidemment on songe tout de suite à Shakespeare, mais pour ce sujet j’avais le souvenir aigu de Georg Büchner, auteur de La Mort de Danton. Mais il est vrai que depuis longtemps, je voulais rendre hommage au courage et à la dignité de cette femme.

Mme Cojannot, vous avez joué beaucoup de personnages historiques, aux destins souvent tragiques. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle ?

C’est d’abord la pièce qui m’a beaucoup plu. J’ai toujours voué une sorte de culte à la Révolution française, et aux Lumières, alors c’était très intéressant pour moi de regarder ses ténèbres. Et puis, c’est un très beau rôle : une femme déterminée, intègre, mais aussi une victime innocente.

Explorer la place des femmes dans l’Histoire et la société, une mission commune ?

SC : C’est vrai… Depuis quelques années, je cherche à explorer et questionner cette place au travers de mes rôles et de mes lectures. Comment a-t-on pu être réduites au silence pendant tous ces siècles ? Je ne me lasse pas d’essayer de comprendre la mécanique de cette aliénation, et quand je le peux, j’aime mettre en lumière les éclaireuses qui ont eu le courage d’oser !
AP : Certainement, et Séverine Cojannot, après Jeanne d’Arc, incarne avec talent Françoise-Thérèse ; deux femmes certes victimes, mais qui font preuve de vertus exceptionnelles, des héroïnes, et si l’une est mondialement connue, j’ai voulu aussi que le public puisse découvrir sur scène la jeune princesse de Monaco confrontée au tragique de l’Histoire.

Le Prince Albert II de Monaco est venu assister à la pièce, quel retour vous en at- il fait ?

SC : Si j’osais, je dirais que le Prince a été charmant !
AP : C’était un honneur que le Prince vienne assister à une représentation de la pièce, à Paris. Il a été très séduit par le texte qu’Il a trouvé fort et émouvant. Il a aussi tenu à féliciter chaleureusement toute l’équipe.

Avez-vous d’autres projets en préparation ?

SC : Jeanne d’Arc (de et mise en scène par Monica Guerritore), seul en scène que je vais enfin jouer au Théâtre Le Petit Chien au Festival d’Avignon en juillet prochain, après plusieurs années de report. Je serai bien entourée par mes deux collaboratrices françaises Jeanne Signé et Bénédicte Bailby ! C’est une grande joie de retrouver ce modèle de courage et de foi !
AP : Le Rêve de Mercier est ma priorité dans l’immédiat, et, je l’espère, pour longtemps encore. Je travaille aussi à la création de ma pièce Héliogabale, l’empereur fou, après le succès de la lecturespectacle,
faite à Monaco avec Geneviève Casile, Arnaud Dupont, et Bernard Lanneau.

Par Élodie Rabaud

T. DE LA CONTRESCARPE