LES GRANDS DUCS
Interview de Jean-Pierre Castaldi
L’adaptation théâtrale du film « Les Grands Ducs », réalisé en 1996 par Patrice Leconte, arrive au théâtre de Passy à Paris à partir du 16 janvier 2025. À cette occasion, nous avons échangé avec Jean-Pierre Castaldi qui interprètera l’un des rôles phares de cette comédie culte mise en scène par Jean-Luc Moreau.
Pourriez-vous dire quelques mots sur cette histoire pour ceux qui n’auraient pas vu le film ?
Dans le film, Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle interprètent trois comédiens de 2ème et 3ème zone qui n’ont pas de travail et réussissent à se faire engager à la place d’autres comédiens pour partir en tournée de théâtre. Mais le producteur, qui était joué au cinéma par Michel Blanc, n’a en réalité qu’une idée en tête : arrêter la tournée pour toucher les assurances ! Il va alors tout faire pour que l’héroïne de la pièce arrête de jouer, ce qu’elle refuse de faire et qui va donc l’amener à aller de plus en plus loin pour que la pièce s’arrête. Tout cela est évidemment prétexte à rire, mais je n’en dis pas plus pour laisser la surprise à ceux qui n’ont pas vu le film !
Quel était votre rapport au film avant de faire partie de la pièce ?
Ce qui est très curieux c’est qu’il est difficile, au cinéma, de partager notre métier au public, de faire des films qui traitent de ça. C’est d’ailleurs ce qui m’a un peu fait hésiter quand on m’a proposé cette pièce. J’ai toujours peur que cela fasse rire les gens du métier mais pas le public, que ce soit des private joke en quelque sorte. Évidemment Noiret, Marielle ou Rochefort sont toujours justes, même quand ils jouent faux, c’est pour ça que ce sont de grands comédiens ! Pourtant, c’est peut-être pour ça que le film n’a pas marché autant qu’on l’aurait pensé, cette difficulté à faire des films sur le métier. Mais on a fait une lecture de la pièce et ça avait l’air tellement drôle que je me suis lancé. Puis, après avoir vu la première représentation, le directeur du théâtre de Passy nous a engagés sur Paris, ce qui veut donc dire que ça fonctionne !
En reprenant le rôle de Georges Cox, vous marchez dans les pas de Jean-Pierre Marielle. Comment vous êtes-vous approprié ce personnage ?
Il m’est arrivé de jouer 2-3 fois dans des pièces ou des films où je reprenais la suite d’un acteur qui avait créé le rôle des années plus tôt, et je procède toujours de la même manière : je ne regarde pas ou ne retourne pas voir le film. Dans le cas de cette pièce précisément, je tâche aussi d’oublier que je connaissais très bien Marielle car toute cette génération d’acteurs a été nos modèles, nos références. Et je pense même qu’il faut que j’oublie Marielle. Finalement, là c’est moi me moquant de moi, j’amène mon propre personnage sur scène qui vit un enfer, joue un rôle qu’il n’a pas envie de jouer ! Et c’est justement pour ça que les gens rient. Au théâtre, pour jouer du comique il faut être d’une sincérité absolue. Les répliques sont écrites au cordeau, mais tout le comique de la pièce dépend de la dynamique entre les personnages de Georges, Victor et Eddie.
Comment avez-vous travaillé sur cette énergie avec Georges Beller et Jean-Christophe Barc ?
Je suis entouré de supers comédiens. Avec Georges Beller on se connaît depuis 60 ans, on a déjà fait deux tournées ensemble au théâtre. Jean-Christophe Barc est un acteur qui tourne et travaille beaucoup. Et avec Jean-Luc Moreau à la mise en scène, comme chef d’orchestre (il jouera aussi avec nous en alternance à Paris), on ne traîne pas ! Après chaque répétition il nous disait : « c’est bien les enfants, mais là vous n’êtes pas dans le rythme, il faut que ça aille plus vite ! »
Quels ont été les enjeux d’adapter ce film avec ses nombreux gags et personnages au théâtre ?
Il ne s’agit pas de parodier ou copier le film, il faut de l’invention. Évidemment, en tant qu’acteurs on fait des propositions et parfois on n’ose pas aller assez loin, c’est là qu’il faut un bon metteur en scène. Jean-Luc Moreau est connu pour être un grand metteur en scène de boulevard donc dès que le jeu ou la situation manque d’intensité comique, il nous aide à trouver cette énergie, cette sincérité, à être au niveau. En adaptant la pièce on s’est aussi rendu compte qu’il fallait absolument que l’on trouve le moyen de remplacer ce que l’on appelle le contre-champ au cinéma pour retrouver sur scène ces deux étages de jeu et permettre au public d’avoir les clés de la situation. C’est un peu comme dans un Feydeau, si on ne sait pas que l’amant est dans le placard, la scène n’est pas drôle.
Vous avez déjà eu l’occasion de jouer cette pièce avant la première parisienne. Quels ont été les retours du public ?
On a joué devant 950 personnes deux jours de suite, on était plein à craquer et les deux fois la salle était debout pendant les applaudissements ce qui est plutôt encourageant ! Mais Paris ce n’est pas le même public, pas les mêmes conditions, et donc c’est une autre exigence. Le public parisien se mérite ! Mais, comme je le dis toujours, « À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. »
Un dernier mot pour donner envie au public de venir voir la pièce ?
Venez changer d’air pendant 1h30 ! Venez vous détendre, vous vider la tête, vous marrer des bêtises des autres. Venez vous amuser avec nous !
Avec Jean-Pierre Castaldi, Georges Beller, Jean-Christophe Barc, Loïse Dejadaut, Eric le Roch et Christian Diaz.
A partir du 16 janvier, au Théâtre de Passy
Par Mélina Hoffmann