LOS GUARDIOLA – Le carroussel tragi-comique et poétique de la comédie humaine

Étoiles du tango international, Los Guardiola, Marcelo Guardiola et Giorgia Marchiori, proposent une traversée de leur « TangoTeatro » où tragédie, comédie, poésie et humour composent un univers fantastique. Un spectacle sublime qui mêle avec une rare perfection nostalgie, poésie et humour, comédie, mime et danse. Giorgia Marchiori nous dévoile quelques ingrédients de cette éblouissante proposition artistique.

Giorgia Marchiori, pouvez-vous nous expliquer ce terme de TangoTeatro ?

Là je laisse la parole à Marcelo Guardiola, mon compagnon de scène et metteur en scène. C’est lui qui a créé à Buenos Aires en 1999 la recherche théâtrale TangoTeatro : « L’idée est née du fait que dans le tango il manquait cet élément unique qui unit les différentes disciplines de l’art : le théâtre. Même si les musiciens, les danseurs et les poètes de tango existaient déjà, il n’y avait pas de comédiens de tango. À partir de cette réflexion et d’un travail de recherche et d’expérimentation est née l’idée de créer du “théâtre” à partir de la musique, la danse et la poésie du tango. Aujourd’hui, après plus de 20 ans de travail, le Tangoteatro est devenu une forme particulière de mise en scène de poèmes et de contes par la danse, le mime et une pincée de Commedia dell’arte. »

Le couple d’artistes harmonieux que vous formez offre une performance précise et originale jouant avec virtuosité sur une palette d’émotions. Comment votre complicité artistique s’est-elle établie ?

On vient de chemins très différents, et c’est peut-être grâce à ça que nous avons formé une unité complémentaire. Je viens de la danse classique et de la philosophie. J’ai fait une thèse sur les Catégories d’Aristote… le pas léger mais la tête lourde ! Marcelo vient de la musique rock, du théâtre expérimental, et du tango évidemment ! Nous avons fait notre parcours de mime au Mimoteatro de Buenos Aires, avec les légendaires maîtres Igon Lerchundi et Roberto Escobar, qui étaient amis de Marcel Marceau à l’école d’Étienne Decroux. Et c’est toujours ensemble que nous avons fait notre formation en Commedia dell’arte avec plusieurs maîtres en Italie. Ces deux univers se sont croisés pour mêler le tango au théâtre sans paroles. Nous parcourons ensemble ce chemin depuis 2003.

Comment avez-vous composé la trame de ce spectacle où 7 tableaux inspirés des tangos les plus célèbres se succèdent avec fluidité ?

Comme dans un recueil de poèmes. L’unité du spectacle n’est pas donnée par la trame, mais par le titre. La Comédie du Tango se rapporte à la poésie commune aux différents poètes de l’univers du tango. On pense souvent au tango comme à quelque chose de triste, mais en réalité sa caractéristique est d’être ironique et cruel. Ces mêmes ingrédients, ironie et cruauté, sont à la base du comique. C’est un des sens de la Comédie du Tango. Cette fresque en 7 tableaux représente la comédie humaine, avec des personnages disparates qui tourbillonnent, chacun avec son amour et son destin à raconter. Voilà donc La Comédie humaine au rythme du Tango !

Vous touchez sans un mot les sentiments profonds du public à travers le monde entier. Comment définissez-vous le langage si créatif que vous avez conçu ?

Un ami italien a dit que « c’est de la poésie avec les rimes dansées ». On a bien aimé cette définition. Un autre, le directeur du Théâtre Passy, aimait définir notre spectacle « un divertissement intelligent ». L’humour fait partie de cette poésie dansante. Le pas est toujours léger, même quand la tragédie s’approche.

Ce spectacle est l’aboutissement d’expérimentations constantes, pensez-vous encore découvrir d’autres dimensions à explorer ?

Bien sûr ! La Comédie du Tango se transforme sans cesse. Ce spectacle est pour nous un laboratoire d’expérimentations constantes. On le travaille en continu, on découvre, on se questionne. Comme dans la sculpture, il faut toujours limer, enlever, jeter la statue parfois, et recommencer… Avec la différence que notre statue, en étant vivante, ne se termine jamais. Et on adore ça !

AU THÉÂTRE ESSAÏON