Mylène Demongeot

Mylène Demongeot Credit: Michaël Bemelmans

Mylène Demongeot Credit: Michaël Bemelmans


Une grande dame de la scène française au cœur en or

Mylène Demongeot, c’est plus de 70 films à son palmarès et d’innombrables partenaires au cinéma plus connus les uns que les autres. Tout comme Brigitte Bardot, elle a fait les heures de gloire du cinéma français dans les années 60, notamment avec “Fantomas” aux côtés de Louis de Funès. Rencontre avec une icône qui a su garder son romantisme au fil des années et qui le partage sur la scène de la Comédie des Champs-Élysées jusqu’au 30 juillet.

Comédie des Champs-Elysées

Jusqu’au 30 juillet

De quoi parle “Love Letters” ?

Ce sont des lettres d’amour qui se déroulent entre deux personnes pendant toute une vie, c’est-à-dire dans la première lettre Andy a neuf ans et Mélissa a huit ans. Et à partir de là, toute leur vie, ils vont échanger une correspondance. À travers ce qu’ils se racontent, se dessine leur vie, de l’âge de huit ans à l’âge de 60 ans. Ils n’auront jamais cessé de correspondre, jamais cessé de s’aimer. La vie ne les aura pas réunis. C’est très beau parce que, à travers ces lettres, apparemment simples, se dessinent des personnages qui sont extrêmement vivants. Ce que nous avons aimé, Jean Piat et moi, c’est de faire exister Andy et Mélissa. D’après ce que j’ai lu, la pièce a été jouée énormément de fois par des grands noms, mais qui s’asseyaient à une table et lisaient les lettres. Nous avons essayé, avec Stéphanie Fagadau la metteur en scène, de faire tout à fait autre chose. Ceux qui lisent les lettres, ce sont Andy et Mélissa.

Pourriez-vous vivre une telle relation par correspondance ?

Oui tout à fait. J’adore ça ! Sauf qu’aujourd’hui ça ne se fait plus. La dernière histoire que j’ai eue comme ça s’est faite par mail. Mais je trouve que le mail c’est assez froid, et qu’on ne peut pas mettre dans un mail des choses sensuelles ou voluptueuses. La lettre vient de votre cerveau, elle traverse votre bras et elle arrive dans votre main avec votre philo et on peut sentir votre pensée.

Parlez-moi de votre travail avec Jean Piat.

Ça a été un délice de travailler tous les deux ensemble. En plus, c’est un homme d’expérience qui a infiniment plus d’expérience que moi au théâtre. Chaque fois qu’il me dit « il me semble que tu voudrais essayer de faire ça », parce qu’il dit ça très délicatement, j’en suis extrêmement reconnaissante et à chaque fois je prends de lui tout ce que je peux prendre.

Un mauvais souvenir de théâtre ?

C’est quand j’ai volé un effet comique à Michel Serrault dans la pièce “Gugusse” de Marcel Achard. J’étais encore très inexpérimentée et donc un soir, il y a eu un effet comique qui s’est fait sur moi au lieu de se faire sur lui, ce qui lui a beaucoup déplu parce qu’il avait un caractère de cochon. Quand je suis sortie de scène, il m’attendait dans les coulisses, il m’a attrapée par le cou et m’a dit : « Ne me refais plus jamais ça ! ».

Revenons sur votre carrière. Le public aimait à vous voir comme rivale de Brigitte Bardot, mais qu’en était-il en réalité ?

Surtout les journalistes ! Le public, il nous aimait, plus Brigitte que moi parce qu’elle était plus sexy que moi et moi il m’aimait parce que j’étais plus convenable dans ma vie privée. Elle a eu une vie privée agitée, et moi exemplaire. Mais à part ça, on était deux belles blondes, pratiquement du même jour. On a la défense animale en point commun. On a beaucoup de points communs. C’est une fille formidable.

Vous avez eu beaucoup de partenaires célèbres au cinéma. En quelques mots, comment était Jean Marais ?

Un personnage sublime, merveilleux, chaleureux, d’une beauté étourdissante et j’adorais l’amour qu’il avait pour son chien.

Louis de Funès ?

C’était mon dieu pendant les trois “Fantomas”. J’ai pris des leçons de comédie avec lui. C’était un enchantement. C’était un homme timide et réservé dans la vie et un homme merveilleux sur un plateau et très exigeant.

Coluche ?

C’est ma grande découverte. Coluche m’a agrandi les oreilles, il m’a ouvert les yeux. La première fois que je l’ai entendu, je me suis dit : « Mais c’est vrai il a raison, ce monde est totalement absurde ! ». Coluche et Pierre Desproges sont des gens qui m’ont profondément impressionnée. Ce sont des gens qui vous obligent à penser.

Yves Montand ?

C’est un grand professionnel qui travaillait tous les matins comme un fou, qui se levait à cinq heures, même quand on était en plein tournage.

Gérard Depardieu ?

Il a été merveilleux avec moi, il a été d’une grande gentillesse alors que j’avais besoin de quelqu’un qui soit gentil avec moi. Il m’a pris par la main quand j’ai repris le cinéma.

Salvador Dali ?

C’est un grand monstre ! C’est quelqu’un d’épatant. Il fait partie des hommes que j’aime, ce sont des fous furieux, comme Charles Trénet. Ce sont des gens magnifiques. L’extravagance est leur quotidien. Il voulait absolument faire la couverture de Playboy avec moi, et puis ça ne s’est pas fait. J’ai beaucoup ri avec lui. Il faisait beaucoup de farces.

Michel Serrault ?

C’est celui qui a voulu m’étrangler ! Donc j’ai passé mon temps à avoir peur de lui. Un grand artiste, pas gentil avec les femmes.

Jean-Paul Belmondo ?

C’est un pote ! Quand vous avez une scène d’amour avec lui, il mange le saucisson à l’ail pour voir si vous allez faire la gueule. Il vous rote à la figure pour voir si vous allez vous fâcher. On est toujours restés très copains !

Votre devise : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Vous avez eu des soucis avec la célébrité ?

Je pense que de toutes façons, célébrité ou pas célébrité, il faut qu’on ait son petit noyau, qu’on soit bien dans son nid avec les gens qui vous aiment. Et pour ça, c’est très important de vivre discrètement. Caché mais pas seul !

 

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