MYRIAM BOYER

Interview

Avant qu’elle ne rejoigne le Festival d’Avignon avec son seule en scène Juste un souvenir, Myriam Boyer a répondu à nos questions.

Dans Juste un souvenir vous donnez vie aux mots de Cocteau, Vian, Aragon et bien d’autres. Qu’avez vous envie de transmettre à travers ces textes ?

Je me suis fait un cadeau. Ces chansons sont mes fondations de comédienne. Je ne les chante pas, je ne les lis pas, je les interprète. Mises à la suite les unes des autres, elles ont pris la forme d’un monologue qui livre le trajet d’une femme et sont devenues du théâtre. Il y a un partage magnifique avec les gens de ma génération qui ne les ont pas entendues depuis très longtemps et sont bouleversés, et les autres qui les découvrent. Une jeune fille, un jour, m’a dit : « On a l’impression que vous nous donnez des conseils. » C’est magnifique d’entendre ça.

Y a-t-il une de ces chansons qui résonne particulièrement en vous ?

Celle de Damia en 1937 : Tout fout le camp. On a l’impression qu’elle nous avertissait de ce qui est en train de se passer et ça fait froid dans le dos. Elle est très belle, très forte et optimiste à la fin « La vie pourrait être si belle si on voulait vivre d’abord… »

L’époque de ces textes vous manque-t-elle ?

Non. Je suis très fière d’avoir vécu tout ça, c’est ce qui a fait de moi la femme que je suis. Je revendique mon trajet de comédienne, mais je suis tournée vers demain.

Vous avez tourné avec les plus grands réalisateurs, décroché deux Molières… Où vous épanouissez-vous le plus ?

Partout. C’est complémentaire. Dès que je fais du théâtre et que je ne tourne pas, ça me manque. Je me suis éclatée au cinéma avec Pierre Richard et Eddy Mitchell pour Les vieux fourneaux, puis en 2022 on a fait Chœur de Rockers qui est un très beau souvenir de cinéma. Là, je fais la mère d’Éric Cantona dans la série Brigade anonyme et j’adore !

Un rôle peut-être qui vous a plus marqué que les autres ?

Vous savez, moi au salut, c’est fini. Je ne suis pas une comédienne qui trimballe un rôle, et je pense que ça m’a sauvée. Je fais croire, c’est du jeu, donc ça ne peut pas me bouleverser.

Quels sont vos projets ?

Vous me verrez certainement bientôt sur scène dans un projet encore plus intime. J’ai hâte ! Mais je préfère ne pas en dire plus pour le moment.

Théâtre du Petit Chien, à Avignon

Par Mélina Hoffmann