NATHALIE MARQUAY-PERNAUT ET PHILIPPE CHEVALLIER Sur les pas de Michel Audiard

Si le célèbre dialoguiste Michel Audiard avait pu voir ça, il est certain qu’il aurait apprécié ! Philippe Chevallier est un sacré tonton farceur, et il n’est pas tout seul ! À l’Alhambra, retour réussi dans les années 60 avec une comédie déjantée, où les 5 personnages manient la langue « audiardesque » avec hardiesse.

Les Tontons farceurs, ça parle de quoi ?

Philippe Chevallier : Les Tontons farceurs sont un clin d’oeil appuyé à la langue de Michel Audiard. Les auteurs Bruno Druart et Patrick Angonin ont écrit un texte un peu « à la manière de » sans tomber dans le piège du pastiche ou de la parodie. Le cadre est un cabaret à Pigalle dans les années 60 avec un taulier un peu voyou joué par votre serviteur, qui fait fonctionner la boutique comme il peut. Un cadavre va être découvert, une enquête va suivre mais le mort a tendance à changer de place…
Nathalie Marquay : C’est une intrigue policière drôlissime qui se déroule dans le cabaret « le Glamour ». Je rêve d’y chanter et d’être sélectionnée pour devenir LA grande chanteuse de l’établissement. Mon personnage est double, mais je n’en dirais pas plus… [Rires].


Est-ce que chacun peut parler du personnage de l’autre dans la pièce ?


PC : Nathalie joue donc une très belle femme un peu mystérieuse, chanteuse stagiaire de cabaret un peu godiche, qui a des difficultés à séduire le patron. Elle joue avec beaucoup de naturel, de décontraction et de drôlerie, c’est un bonheur de partager cela avec Nathalie, comme avec les trois autres comédiens, dans une pièce que je qualifierais de chorale. Et puis je retrouve dans le rôle de l’inspecteur, Bruno Chapelle, qui est un de mes plus vieux copains. Je l’ai connu il y a 44 ans au Cours Simon, avant Régis Laspalès au Théâtre de Bouvard.
NM : Le personnage de Philippe qui s’appelle Dédé est un sacré filou, odieux avec les femmes, mais qui a ses faiblesses ! Il est le boss du cabaret et va mener aussi l’enquête sur le meurtre. Est-il dans le coup ou non ? Ce qui est sûr, c’est que Philippe a le sens du rythme. Il est extraordinaire pour jouer dans les vaudevilles aux situations rocambolesques !

Un texte à la manière d’Audiard, est-ce plus difficile à mémoriser ou à interpréter ?


PC : Les deux ! Il est très agréable à interpréter quand on l’a bien en bouche. En jouant à Paris pendant un mois et demi, nous allons tous pouvoir nous délecter sur scène, car cette pièce demande un investissement corporel et mental exigeant. Seul le fait de la jouer régulièrement nous permet d’en maîtriser la fluidité linguistique.

À travers ce « Cluedo » loufoque, des sujets profonds sont abordés, pouvez-vous nous en parler ?


PC : La condition de la femme est évoquée dans un relief en creux . Il y a 3 machos sur scène : moi, l’inspecteur de police et l’homme à tout faire. Nous faisons remonter une misogynie de pacotille théâtrale, mais il y a derrière tout ça de la gentillesse et de la tendresse, y compris au sein même de la psychologie des personnages.
NM : Parfois le public réagit avec un oh ! de désapprobation aux répliques de Dédé, j’adore, c’est très drôle. Les femmes à cette époque n’étaient pas gâtées c’est vrai, cela a quand même changé… heureusement ! En tous cas, je sais qu’en ce qui me concerne je ne me serais pas laissée faire de cette manière ! [Rires]

D’autres projets en cours ?


PC : Je pense que nous sommes à l’aube du travail du texte, Jacqueline Maillan disait : si vous faites partie de mes amis, venez me voir à la cinquantième ! C’est pour vous dire que nous sommes au début d’une belle aventure avec cette pièce que j’aimerais prolonger.
NM : La pièce va bien nous occuper ! J’ai un autre projet théâtral avec Bruno Druart et Patrick Angonin, un projet de série sur C8 mais qui n’est pas encore confirmé, et puis je fais beaucoup de salons du livre avec mon ouvrage Moi, j’y crois sorti en octobre dernier et qui fonctionne très bien. Beaucoup de choses viennent à moi et c’est un vrai bonheur !

Par Élodie Rabaud et Marc Bélouis