Nathalie Vierne au Ciné XIII Théâtre
En adaptant “Un amour de Swann” sur les planches, Nathalie Vierne redonne toute sa splendeur à ce chef-d’oeuvre de la littérature française. À découvrir au Ciné XIII Théâtre.
Alors cette première, ça s’est bien passé ?
Ce sont des instants intenses accompagnés d’états émotifs puissants. Dans ces moments là, j’ai l’impression de lâcher mes enfants, de les livrer au monde. Le texte, les comédiens ont été protégés comme un secret pendant des mois de maturation et de création et soudain les voici exposés, puis jugés. Alors forcément, j’ai peur pour eux puisque je veux qu’on les aime.
Qui est vraiment Nathalie Vierne ?
Après avoir co-écrit le film 7 ans de mariage (Didier Bourdon, Catherine Frot, Jacques Weber), je me suis tournée vers le théâtre avec l’écriture et la mise en scène de la pièce “Jupe Obligatoire”. Par la suite, le spectacle vivant ne m’a plus lâché et m’a fait découvrir son large panel de genres. Après la création de one man shows, pièces de théâtre et quelques directions artistiques dont “Les fantômes de la rue Papillon” de Dominique Coubes (Michel Jonasz, Samy Seghir), j’ai adapté et mis en scène et en danse des textes de Françoise Sagan (Hélène de Fougerolles, Biyouna). En effet, le théâtre offre des possibilités infinies ! Ainsi de fil en aiguilles, fervente admiratrice de Marcel Proust, j’ai récemment choisi d’adapter et de mettre en scène “Un amour de Swann”.
L’amour peut-il-être pris au sérieux ?
C’est une question ouverte. Marcel Proust ne nous donne pas explicitement la réponse. Il nous interroge en examinant les différents états d’âme que l’on traverse lorsqu’on est amoureux. Il y a toujours de la souffrance, il se demande si l’objet en vaut toujours la peine… Et si le jeu tout entier en vaut la peine.
Pourquoi le théâtre ?
J’aime les mots, j’aime voir les mots faire leur chemin et faire frémir un visage, un corps. J’aime que ce soit ici et maintenant. J’aime que ce soit un peu dangereux, changeant, fragile, ce qui est le propre du spectacle vivant.
Quels son vos trois secrets pour une mise en scène réussie ?
Je n’ai aucun secret de mise en scène, si ce n’est l’envie furieuse de faire, la conviction, et le travail. D’ailleurs, il en est de même pour le travail d’auteur et en l’occurrence d’adaptation..
Pourquoi avez-vous choisi Proust ?
J’ai choisi Marcel Proust parce qu’il me chuchote à l’oreille. Il m’émeut. J’ai choisi Marcel Proust par amour. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Vous avez adapté aussi la pièce.
Quels sont les grands changements par rapport à l’originale ?
J’ai adapté “Un amour de Swann” au théâtre en me souciant de conserver toutes les intentions de Marcel Proust, sa profondeur, mais aussi avec le souci de mettre en exergue son humour dont on ne parle pas assez souvent à mon goût. Mon adaptation est extrêmement fidèle à l’auteur tout en restant abordable. Proust qui adorait le théâtre et qui ne perdait jamais une occasion de lui rendre hommage, mérite si mal connu. Histoire qu’on puisse se dire au sortir du spectacle : « Proust est si drôle ! » plutôt que « Proust est si long… »
Une phrase sur chacun de vos comédiens ?
Alain Bouzigues est ma découverte ! Un Swann magnifique. Son jeu est subtil et profond, émouvant, je ne pouvais pas rêver mieux ! Il est Charles Swann. Avec Valérie Decobert, nous avons déjà travaillé sur plusieurs projets ensemble et j’adore la sensualité qu’elle dégage. En plus d’être une superbe comédienne, c’est une instinctive et d’ailleurs pour moi, il n’y avait pas d’autres alternatives. Elle était Odette de Crécy, c’est tout. Isabelle Ferron nous emporte dans une énergie incroyable avec une très belle intelligence. La Madame Verdurin qu’elle a pris à bras le corps est très impressionnante !! Un peu magicien, Sébastien Pérez transforme les personnages qu’on lui offre. Il sait en extraire dans la seconde le second degré, l’humour. Il incarne un Cottard à mourir de rire ! Généreux, Salvatore Ingoglia ne sait s’économiser. Plein d’énergie, il apporte une vraie matière à chaque rôle qu’il joue. Grâce à lui, Forcheville possède une densité incontestable. Louis Cariot est un personnage en lui-même. Il joue un Monsieur Verdurin tellement convaincant et un peu fou. Louis est un superbe pendant à Madame Verdurin.
Et en une phrase toujours, pourquoi aimer Paris ?
Aimer Paris, pour moi, va de soi. J’y suis née, j’y ai toujours vécu. Quand je pars, assez rapidement, je ne pense qu’à rentrer. Quand je rentre, je suis émerveillée par la beauté de cette ville. C’est chez moi.
Quels sont vos projets après “Un amour de Swann” ? L’écriture d’une prochaine pièce peut-être ?
Bien sûr, il y a tant à dire, à faire…