Nicolas Martinez et sa sombre histoire de girafe
Dans “Une sombre histoire de girafe”, Nicolas Martinez met en scène un huit-clos incisif à l’humour noir, où les non-dits d’une bande d’amis volent en éclat sous la chaleur d’une soirée d’été. Nommé aux Molières en 2016, il dirige et écrit avec autant d’esprit qu’il sait donner la réplique. Rencontre avec ce talent à tout faire très prometteur.
Parlez-nous un peu de cette sombre histoire de girafe… Qu’est-ce que nous raconte la pièce ?
Deux couples d’amis (dont un avec un bébé) sont coincés dans le jardin d’une maison de vacances où il fait 40 degrés à l’ombre. Petit à petit les masques vont tomber. Rattrapés par leurs complexes et leurs frustrations, ils vont finir par se dévoiler sans pudeur jusqu’à un point de non retour. C’est un huis-clos qui devient au fil de la soirée complètement dingue. C’est drôle, piquant et incisif ! Elle est très révélatrice des frustrations humaines.
Avez-vous déjà vous-même vécu une telle situation d’implosion entre un groupe de proches ?
J’ai déjà vécu des crises entre potes mais qui ne sont heureusement jamais allées aussi loin que dans cette sombre histoire de girafe. Comment s’est articulé votre travail avec Magali Miniac (l’auteure de la pièce qui apparaît aussi dans le casting) ? Ça a été assez évident avec Magali. On aime le même genre de comédie, quand les personnages sont pris dans un engrenage inéluctable, quand le rire ne tient pas simplement à une vanne mais plus à un malaise ou à une frustration bien cachée. Dès que nous avons commencé à répéter, l’auteure a laissé entièrement place à l’actrice. Du coup, j’ai pu creuser en profondeur tous ses personnages. Elle a fait un boulot remarquable en tant qu’auteure et en tant qu’actrice et je l’en remercie. Vous menez de front de multiples projets.
Que préférez-vous entre l’écriture, la mise en scène et le jeu ? Pourquoi ?
J’ai besoin de jouer tout le temps, c’est une évidence. Le point commun qui me passionne entre ces trois domaines, c’est la liberté et la folie qu’on peut y amener. Grâce à l’écriture, le jeu et la mise en scène, on peut pousser des personnages à bout sans limite en toute sincérité. Pour moi le théâtre doit être surprenant. Vous avez aussi joué dans de nombreux spectacles à succès.
Selon vous, quels sont clés qui font la réussite d’une production ?
J’enfonce peut être une porte ouverte mais je crois qu’il faut d’abord et avant tout un très bon texte ! Une production bienveillante et de très bons acteurs évidemment.
Quels sont les artistes qui vous inspirent ? Et quel regard portez-vous sur la jeune génération du théâtre contemporain français ?
J’aime les artistes qui sont très généreux, bruts de décoffrage, j’aime quand ça transpire, quand ça déraille, ceux qui ont une folie due à une faille qui nous touche. Comme par exemple Patrick Dewaere. Ou encore Jacques Brel : sa priorité ce n’est pas la note mais le ressenti. On ne peut pas être faux lorsqu’on est entier. J’ai adoré le film « Les nouveaux sauvages » de Damian Szifron où le rire est une échappatoire. Pour ce qui est de la nouvelle génération, j’ai envie de parler de mes amis qui créent et produisent sans relâche depuis de nombreuses années. Je suis donc très heureux de voir Sebastien Azzopardi, Arthur Jugnot, Alexis Michalik, la Cie des Sans Cou, Salomé Lelouch ou Benjamin Bellecour de plus en plus présents au sein des théâtres parisiens et défendre de très belles productions. Continuons de créer et surtout d’écrire !
Une sombre histoire de Girafe, les Béliers Parisiens, depuis le 14 mars