Pierre Lamotte Germinal – l’Intemporel
Pierre Lamotte, vous êtes le fondateur de la compagnie Climax pouvez-vous nous en dire plus sur le concept de cette compagnie ?
L’idée de la Cie. Climax est née de mon parcours professionnel. Je suis à la fois metteur en scène et réalisateur, et j’ai longtemps travaillé dans ces deux univers, qui obéissent chacun à des codes et des logiques bien distincts.
J’ai eu envie de me créer un espace de convergence, un terrain de recherche où ces frontières s’effacent, où le langage du théâtre et celui du cinéma se croisent, dialoguent, se nourrissent. Dans ce travail spécifique, les comédiens occupent une place centrale : ils sont les liants entre ces mondes.
Avec Germinal l’Intemporel, vous vous attelez à un monument de la littérature. Quels sont les enjeux de passer du roman, à l’écran, aux planches ? De quel medium tirez-vous le plus votre inspiration ?
Les adaptations cinématographiques ont toutes cherché à reproduire le réalisme du monde minier des années 1860…
On parle donc d’une histoire qui nous semble lointaine, hors de notre temps.L’enjeu de cette adaptation théâtrale est de révéler le caractère intemporel de ce récit : luttes sociales, révoltes, condition des femmes, mondialisation… autant de sujets profondément contemporains.
Tout en restant très fidèle au texte d’Émile Zola, le théâtre –où tout repose sur des conventions partagées avec le public– nous permet de juxtaposer le passé au le présent, le réel à l’imaginaire, les contours définis aux limites estompées, la vie à la mort, pour ne faire qu’un : Germinal l’Intemporel.
Les comédiens sont trois sur scène ; la mise en scène conjugue animation, écrans mobiles, interactions humaines et technologiques… C’est novateur. Avez-vous des retours du public à ce sujet ?
Le public est très sensible à la dimension innovante du spectacle. Beaucoup soulignent la force visuelle de la mise en scène, la précision du jeu des comédiens, la qualité de leurs performances et leur capacité à donner une véritable présence scénique aux écrans.
Les spectateurs disent souvent que cette forme hybride les aide à reconnecter l’histoire de Germinal à leur propre époque, que ce soit par le biais du graphisme, des musiques, du rythme. Certains parlent même d’une expérience immersive, à la fois sensible, engagée et contemporaine.
Votre citation favorite de la pièce ?
Sans hésiter, c’est la dernière réplique que la Maheude adresse à Étienne Lantier avant qu’il ne reparte : « J’ai compris que tout ça n’est pas de ta faute… c’est la faute de personne, c’est la faute de tout le monde… » Elle résume bien ce que je retiens de l’œuvre : nous sommes tous interdépendants les uns des autres, en constante interaction. La vérité, comme la responsabilité, n’est pas forcément toujours binaire…
THÉÂTRE LA LUNA, Avignon Du 5 au 26 juillet, 15H15, tous les jours