Rencontre avec Franck Desmedt, directeur de La Huchette

Franck Desmedt est un acteur accompli qui connaît bien la scène et les coulisses. Depuis trois ans, il est à la tête du théâtre de La Huchette qui fête aujourd’hui le 70e anniversaire de sa création. L’occasion toute trouvée pour lui poser quelques questions sur son parcours, sa vision des arts scéniques et sur ce qu’il a prévu à la rentrée prochaine pour son petit théâtre, plein d’histoire et d’audace.

Par Lola Boudreaux.

© Franck Desmedt

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Après une licence de philosophie, deux années au conservatoire d’art dramatique de Bordeaux puis trois ans au cours Simon, j’ai eu la chance de prendre la direction d’un centre culturel et d’un conservatoire de musique près de Bordeaux. Nous avons ensuite créé un petit théâtre littéraire : l’inox, en partenariat avec la région aquitaine. Enfin, en 2015, j’ai pris la direction du théâtre de la Huchette, une salle mythique qu’il convenait de continuer à faire rayonner, et à laquelle je voulais associer l’image d’un nouveau genre de créations musicales.

Vous fêtez ce mois-ci le 70e anniversaire de la création du théâtre de la Huchette. Qu’est-ce qui fait l’identité de ce théâtre de 90 places ? Comment est-il parvenu à peser autant dans la scène parisienne ?

Cette salle a ouvert en 1948, au cœur du quartier latin. d’illustres acteurs français y ont fait leurs premières armes, d’Antoine Vitez à Laurent Terzieff, en passant par Jacqueline Maillan ou Jean-louis Trintignant. Sous l’impulsion de Nicolas Bataille et de Marcel Cuvelier, les créateurs de La Cantatrice Chauve et de La Leçon d’Eugène Ionesco, une des pages les plus singulières et les plus audacieuses du théâtre contemporain s’est écrite. Une troupe s’est constituée et, depuis sa création par Georges Vitaly, La Huchette consacre du temps à des lectures (un comité a d’ailleurs pour mission de lire et de commenter toutes les pièces reçues, toutes, sans exception). Des auteurs comme Audiber Ti ont également été lancé en ce lieu. Ka huchette est la maison des acteurs et ses créations musicales, depuis Kiki et La Poupée Sanglante, sont maintenant très attendues. Comédiens !, actuellement à l’affiche à 21 h, ne désemplit pas.

Quel est le secret de la longévité des deux spectacles de Ionesco ?

Les mises en scène géniales (La Cantatrice Chauve, par exemple, est jouée comme une tragédie, comme une pièce d’Henry Ibsen, ce qui est un ressort comique majeure pour exprimer la difficulté de communiquer entre les couples) et l’organisation du théâtre, sa structure, son mode de fonctionnement qui tente de parer à tous les accidents possibles. La Huchette est une coopérative et sa troupe continue de jouer les deux spectacles dans les mises en scène d’origine.

En ce qui concerne votre rôle de directeur, que pensez-vous avoir apporté au théâtre de la Huchette ? Quels sont les prochains projets du lieu ?

Si aujourd’hui la Huchette fait autant parler d’elle, c’est parce que je me bats pour que cette institution soit à la fois un lieu de tradition, avec l’entretien des deux monuments de Ionesco, et de création, avec une première partie de saison dédiée à la troupe autour d’une forme et d’une thématique singulière, et une deuxième partie de saison où nous créons un spectacle musical d’un nouveau genre, un atelier d’acteurs où l’occasion est donnée de découvrir des artistes complets au service d’une histoire forte et simplement exécutée. Ce que j’ai le plus envie de léguer, c’est l’envie d’entreprendre et une attention permanente à l’image du lieu. Quant aux projets : à la rentrée je jouerai Voyage au bout de la nuit de louis Ferdinand céline (du 11 au 29 septembre), puis ce sera Les Classiques de La Huchette, neuf textes des plus grands auteurs adaptés et joués par la troupe de théâtre tous les samedis et lundis jusqu’en décembre. enfin, et pour cause de succès, nous reprendrons Comédiens ! en octobre.

En ce qui concerne votre rôle d’acteur, vous venez de recevoir le Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour Adieu Monsieur Hafflmann. Que cela représente-il pour vous ?

Je suis très heureux pour la pièce, simple et forte, merveilleux cadeau pour un comédien et pour Jean-philippe daguerre qui mérite amplement ses quattre statuettes. il y a déjà bien longtemps, je regardais cette fête à la télévision avec mes parents et j’étais loin de penser qu’un jour j’aurais le bonheur d’être un acteur de la cérémonie. Un Molière est un encouragement décerné par d’autres artisans qui partagent la même passion, alors en avant !