SÉBASTIEN AZZOPARDI

Deux versions d’une histoire au Michel

©Emilie Brouchon

« Ma Version de l’histoire » est la nouvelle création de Sébastien Azzopardi, dans laquelle Valentine et Sam, un couple uni depuis 20 ans, se trouvent divisés par leurs souvenirs. En thérapie de couple, ils confrontent leurs versions contrastées de la vie qu’ils ont partagée, laissant le public (psychologue pour un soir) décider ce qui détient la vérité.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouveau projet ?

Ma version de l’histoire marque une nouvelle aventure : il va s’agir de troquer le confort de L’Embarras du Choix pour la reconquête du public avec cette nouvelle création ! Cette fois-ci, il n’y aura pas d’interaction, bien que je m’adresse tout de même au public, qui fait office de psychologue.

Comment est née cette création ?

J’ai esquissé ce projet alors que je venais de me séparer. Quand je racontais l’histoire de ma séparation, j’avais conscience de le faire selon mon point de vue. J’ai également réalisé que je racontais cette histoire par la fin, c’est à dire par la rupture, en évoquant surtout les problèmes cristallisés jusqu’alors. Ce constat m’a donné deux axes intéressants : celui du point de vue, et celui du besoin de remonter plus loin que la crise, pour comprendre d’où sont nés les malentendus. Ça n’est finalement pas étonnant que cette pièce arrive après L’Embarras du choix… C’est la pièce de la rupture annoncée, qui vient après la pièce de la rupture consommée.

Comment décrirez-vous cette pièce ?

J’ai pensé cette histoire comme une véritable aventure, loin d’un huis-clos traditionnel où les personnages vont s’expliquer. On va vraiment assister à leur histoire à travers de nombreux flashbacks, aux moments charnières de cette relation, selon le point de vue de chacun des protagonistes.

Comment mettez-vous en scènes les différentes versions d’un même évènement ?

On peut retrouver les mêmes répliques mais dites de façon différente, ou bien les répliques vont être légèrement différentes voire à l’opposé ! Cela apporte un potentiel comique immédiat et donne à voir l’importance et l’étendue des subtilités de jeu pour une même réplique. Nous utilisons aussi la vidéo por recréer les flashbacks et opérer des changements de lieu les plus fluides possible.

Avez-vous un exemple de malentendu dans la pièce ?

Lorsque Oscar (le fils de Valentine et Sam) présente sa petite amie à ses parents, Valentine est persuadée que mon personnage, Sam, a une histoire avec elle ! Elle décrit donc cette présentation comme un moment où mon personnage était particulièrement gêné et perturbé. Lorsque l’on rejoue la scène, on voit en fait que Valentine était elle-même très embarrassée et a projeté son malaise sur Sam, qui a fini par l’être à son tour.

Comment s’est déroulée la réalisation de ce projet ?

C’était tout d’abord une joie de retrouver Miren Pradier, qui joue ma compagne sur scène. Nous étions ensemble au Conservatoire du Vème arrondissement, en quelque sorte nous nous connaissons depuis toujours… Parfait pour incarner ce couple qui s’est connu très jeune et a traversé des années côte à côte ! J’ai ensuite eu la chance d’être accompagné par Camille Jolivet à la mise en scène, Juliette Azzopardi aux décors, Nathalie Cabrol à la vidéo, Philippe Lacombe aux lumières, Romain Trouillet à la composition musicale, et Jackie Tadeoni aux costumes.

Quel bilan faites-vous de l’année 2023 et quelles nouveautés pour 2024 ?

J’ai notamment eu la joie d’accueillir Sacha contre Guitry cette année, la pièce de mon ami Sacha Danino au Michel. Au-delà de Ma Version de l’histoire, 2024 verra une nouvelle création sur les scènes du Palais Royal, après les 8 ans de succès d’Edmond ! Il s’agit de Sarah, une pièce de Géraldine Martineau sur Sarah Bernhardt. La Machine de Turing sera quant à elle de retour au Michel.

Pour finir, vous disiez tout à l’heure que vos retrouvailles avec Miren Pradier avaient été heureuses. Quelle serait, selon vous, sa version de l’histoire ?

Ça, je n’en sais rien (rire) ! Il faudra lui demander pour le découvrir.

À partir du 10 janvier, au Théâtre Michel

Par Sophie Geneste