SEBASTIEN AZZOPARDI – ADN

Nouveau thriller sur la scène du Michel

Pour « ADN » Sébastien Azzopardi s’empare d’un thriller psychologique inspiré d’une histoire vraie, écrit par Caroline Ami et Flavie Péan. Il mêle ici les codes du théâtre et du cinéma, transportant le public au cœur d’une intrigue haletante. Il revient sur la genèse de ce projet ambitieux, et l’importance de la musique, capable de transformer l’expérience théâtrale (mais pas que).

Sebastien Azzpardi

Quelle est la genèse d’ADN ?

Caroline Ami et Flavie Péan ont écrit un thriller qui repose… qui vient d’une histoire vraie et qu’elles ont travaillé de manière à faire une pièce de théâtre. Et l’histoire m’a passionné. Depuis La Dame Blanche et Chapitre 13 écrits avec Sacha Danino, il y avait longtemps que je n’avais pas monté un thriller, et je me suis dit que c’était l’occasion de m’y remettre.

Que raconte cette pièce ?

Le thème est passionnant : à la suite de tests ADN, le personnage principal apprend qu’il n’est pas le père de son enfant, mais son oncle… Sauf qu’il ne se connaît pas de frère ! Il interroge sa femme, qui jure ne pas l’avoir trompé. Il cherche donc des explications auprès de sa mère qui refuse de répondre et semble lui cacher quelque chose. Le lendemain, elle l’appelle, prête à lui révéler un secret, mais avant qu’il n’arrive chez elle, elle est assassinée. C’est là que l’enquête prend une tournure dramatique. Je ne vais pas en dire plus pour ne pas dévoiler l’intrigue, mais l’approche est celle d’un thriller psychologique.

Cette histoire est donc inspirée d’une histoire vraie ?

C’est une histoire vraie au départ, oui, qui a été fictionnée pour le bien de la narration. Mais le début et la résolution sont fidèles à la réalité.

Comment avez-vous abordé la mise en scène ?

J’ai choisi de la traiter comme un film ou une série, et d’y ajouter de l’immersion : il y aura des courses poursuites sur scène et dans la salle. Les six acteurs interprètent de nombreux personnages, et on change de lieu constamment, c’est vraiment un découpage de cinéma.

Quels ont été vos choix pour la musique ?

La musique est centrale dans le spectacle. Romain Trouillet est une fois encore à la composition, c’est lui qui parvient à donner cette magie et cette densité à mes pièces. Je cite souvent Spielberg qui disait : « C’est grâce à John Williams que le vélo de E.T. vole pour de vrai. » Avec Romain, c’est pareil, sa musique fait partie intégrante de l’ambiance et change la perception qu’on a de la scène.

Quelle est la principale différence entre ce thriller et ceux que vous avez déjà montés ?

Ici, c’est un thriller psychologique, alors que La Dame Blanche nous plongeait dans le fantastique, et Chapitre 13 était beaucoup plus sanguinolent. C’est aussi la première fois que je mets en scène une œuvre d’autrices contemporaines, ce qui permet de travailler dans un bel échange avec Caroline et Flavie.

Vous parliez de l’importance de la musique dans vos créations, quel rapport entretenez-vous à la musique ?

Avant récemment, je n’écoutais pas de musique en dehors de chez moi. On m’a récemment offert des écouteurs sans fil et j’ai redécouvert la sensation d’avoir une bande-son dans la rue, dans le métro. C’est fou comme elle change la perception de l’environnement : elle peut parfois être en totale contradiction avec ce que l’on voit, et c’est jouissif !

Et c’est sans doute applicable sur scène ?

Sur scène, c’est la même chose. Récemment, j’ai modifié la musique d’une scène de course poursuite, initialement très rapide. En optant pour une musique plus inquiétante, toute la dynamique de la scène a changé. Les actions et les regards étaient identiques, mais soudain, l’atmosphère était complètement différente. C’est fascinant de voir comment la musique peut instaurer un sentiment de suspense ou d’étrangeté. Elle peut littéralement transformer le décor.

Au Théâtre Michel

Par Sophie Geneste