SUR UN AIR DE TANGO -l’amour comme une danse
« Sur un air de tango » raconte l’histoire d’un fils acharné au travail, et son père retraité qui lui explique qu’il faudrait tâcher de profiter de la vie. D’autant que sa femme, campée par Chloé Froget, se languit des absences de son mari. Pascal Faber et Bénédicte Bailby ont mis en scène cette pièce écrite il y a plus de vingt ans par Isabelle de Toledo. Elle aborde des sujets parfois graves toujours de façon enlevée et drôle. Quelques mots sur cette pièce qui fait sourire en vous arrachant quelques larmes.
D’où est venue l’idée de reprendre cette pièce d’Isabelle de Toledo ?
Bénédicte Bailby : Il y a 17 ans j’avais vu cette pièce au Poche Montparnasse et elle m’avait beaucoup émue. Il s’agit d’une histoire père-fils, avec un père feu-follet qui veut rester jeune alors que son fils travaille et perd le sens de la famille et des choses essentielles. La rencontre de ces deux univers m’a touchée.
Pascal Faber : J’avais mis en scène avec Bénédicte Le marchand de Venise de Shakespeare avec Michel Papineschi dans le rôle de Shylock et j’avais très envie de retravailler avec cette équipe. Quand Didier Caron m’a conseillé de lire cette pièce, j’ai immédiatement voulu en demander les droits. J’avais eu un coup de coeur immédiat.
Quelle a été la réaction d’Isabelle de Toledo, autrice de la pièce qui vous a accompagné durant la mise en scène ?
P. : Elle nous a fait confiance dès le début. Elle a assisté a des répétitions tout en nous disant « je ne me mêle de rien ». Et comme nous, elle est tombée amoureuse des comédiens.
B. : Son écriture est à son image : une femme élégante et délicate. La confiance qu’elle nous a accordée nous touche énormément.
Sur un air de tango, c’est l’histoire de quoi et l’histoire de qui ?
B. : Cette histoire explore la dynamique des relations père-fils avec une idée de pardon commun. Les deux personnages font un pas l’un vers l’autre. Ce n’est pas seulement de l’amour entre père et fils, mais aussi le souvenir d’une compagne défunte qui est partout. Le tout est servi par trois acteurs et actrice que nous adorons.
P. : Comme le titre de la pièce l’indique bien, les personnages font un pas en avant puis un pas en arrière dans leur relation, tel un tango éternel. Il s’agit d’une histoire d’amours multiples, une occasion de se dire Je t’aime avant qu’il ne soit trop tard.
La pièce exprime-t-elle un message particulier ?
P. : La pièce invite à parler notamment de nos aînés avec humour et tendresse. Il peut nous arriver d’avoir tendance à considérer nos proches comme acquis. Isabelle nous rappelle ici, avec une plume toujours bienveillante, qu’il faut oublier nos pudeurs, mettre de côté les non-dits et simplement apprendre à dire « Je
t’aime ». Nous aimerions qu’au sortir d’une représentation, un spectateur sorte de la pièce avec l’envie d’appeler son père, sa mère, simplement pour lui demander des nouvelles.
B. : La pièce n’est pas pour autant dénuée d’humour. On rit même beaucoup. Et le personnage du père, joué par Michel Papineschi est une force comique qui habite la pièce tout du long.
Michel Papineschi et Damien Boisseau sont connus pour leurs doublages. Quelques mots sur leur travail de la scène ?
P. : En effet, Michel prête sa voix à de nombreuses légendes du cinéma (Robin Williams, Harvey Keitel…) et Damien a cette voix si reconnaissable (Matt Damon et Edouard Norton) mais n’allez pas croire qu’ils sont cantonnés au doublage. Leur jeu d’acteur est précis, généreux et il est difficile de ne pas sentir l’alchimie
entre le père et le fils fictif. Et il ne faut pas oublier Chloé Froget qui campe une femme à la fois forte et sensible et qui parvient merveilleusement à faire le liant entre ce duo.
Par Vincent Touveneau
STUDIO HEBERTOT, Les mardis et mercredis jusqu’au 25 mai