Jonathan Dos Santos et Clara Soares

« Faites l’amour… Pas des gosses » est une comédie traitant d’une question universelle : comment fait-on pour devenir parents ?

Avec près de 900 représentations au compteur, la pièce est à l’affiche de la Comédie Bastille.

Interview croisée de Jonathan Dos Santos et Clara Soares, les deux interprètes de la pièce.

 

Et si on inversait les rôles ? Jonathan, pouvez-vous décrire le personnage de Julie, et Clara, celui de Lucas ?

Jonathan : Julie est une femme forte, elle prend le dessus sur le couple, mais positivement. elle doit gérer l’enfant qu’elle va avoir et le grand enfant qu’elle va épouser ! Bien qu’elle soit un peu naïve parfois, elle pense à tout et doit tout surveiller. elle est le cerveau gauche du couple, en quelque sorte !

Clara : Du coup, Lucas est le cerveau droit : l’homme émotif et spontané, un peu irréfléchi.

Jonathan : N’ajoute pas : « comme tous les hommes » !

Clara : J’allais pas le faire, mais maintenant que tu le dis… (rires). Non, c’est un gamin au grand cœur, qui semble toujours dépassé par la situation. rien n’est malveillant chez lui et il est fou amoureux de sa femme.

Jonathan : Ils sont fous amoureux l’un de l’autre !

Clara : Et ils se complètent très bien ! en quoi les personnages que vous incarnez vous ressemblent ?

Et en quoi sont-ils différents ?

Clara: On a en commun un certain sens de la responsabilité. On sait ce qu’on veut et on tient bon jusqu’à ce qu’on l’obtienne.

Jonathan : Tu peux ajouter aussi que vous avez le même caractère !

Clara : C’est un compliment ça ?

Jonathan : On va dire que oui !

Clara : C’est un petit bout de femme avec un caractère bien trempé. Je suis un peu comme ça, mais elle a un côté autoritaire et stricte et, pour le coup, ce n’est pas du tout mon cas !

Jonathan : C’est vrai, alors que moi…

Clara : Alors que toi, tu es exactement comme ça !

Jonathan : Disons qu’à la différence de Lucas, je suis un peu plus autoritaire, j’aime avoir le contrôle sur ce que je fais et sur ce qui m’entoure. Mais je suis comme lui : un grand gamin qui aime la vie et qui ne demande qu’à vivre et non survivre.

Quelle thématique abordée dans la pièce vous touche le plus et pourquoi ?

Jonathan : Pour moi, c’est le thème de la responsabilité, que l’on traite ici avec humour. Mais sous la couche de pitrerie, il y a ce fond de vérité qui nous dit : « maintenant, c’est à toi de devenir l’adulte, tu n’es plus l’enfant de ton histoire ». et c’est intéressant de voir à quel point l’adulte grandit en même temps que l’enfant. Ça me touche puisque je suis à un âge (35 ans) où je ne suis plus tout à fait un gosse, mais pas encore un adulte accompli ! Je crois qu’il ne me reste plus qu’à avoir un enfant pour passer du côté obscur de la force.

Clara : Du coup, moi, je rebondirais sur le thème de l’amour… dans cette pièce, il est mis à rude épreuve par l’arrivée d’une tête blonde ! comment le couple survit à tout ça ? c’est une peur viscérale chez les couples de notre âge ! Ils hésitent, parce qu’ils pensent que tout va changer… alors que, comme Lucas et Julie, on peut rester complices et se retrouver. il faut rester liés envers et contre tout !

Jonathan : Entre mon « côté obscur » et ton « envers et contre tout », on dirait qu’on parle d’une bataille !

Clara : C’est une bataille, mais pas une guerre ! Comment faire pour que le couple existe après la naissance d’un enfant ?

Jonathan. : …et qu’il ne soit pas retranché derrière deux mots : “papa” et “maman”.

Clara : Voilà ! le jour où j’aurai un enfant, je veux rester une femme et ne pas être juste une maman !

Cette pièce a déjà attiré beaucoup de spectateurs. Qu’est-ce qui fait son succès ?

Clara : Alors là, je dois te laisser parler, tu es le plus ancien !

Jonathan : Oui, au-delà de mon âge canonique, je suis surtout l’un des comédiens qui a eu la chance de voir éclore la pièce. Je l’ai jouée à sa création, dans une petite salle… et très vite, avec ma partenaire de l’époque, nous avons été surpris de l’affluence grandissante du public. Nous sommes passés de cinq à neuf représentations par semaine. Je crois que ce qui plaît c’est l’universalité du sujet, et son traitement. On connaît tous quelqu’un – si ce n’est nous – qui a vécu la parentalité et ses déboires ! On est parent ou enfant, donc on sait de quoi il s’agit. et c’est toujours plus drôle de rire de quelque chose qu’on connaît, car on peut se dire : « Mais c’est tellement ça » !

Clara : Le fond est universel, mais les créateurs, Sophie Depooter et Sacha Judaszko, sont étonnants : ils ont réussi à donner à la forme de leur sujet quelque chose d’inattendu !

Jonathan : Oui, ils créent la surprise à chaque scène ! Nos personnages rient quand ils devraient pleurer, dansent quand il faudrait dormir et hurlent quand tout le monde reste calme…

À qui conseillez-vous la pièce : à ceux qui ont déjà des enfants ou à ceux qui n’en ont pas encore ?

Jonathan : La question piège !

Clara : Je dirais aux deux : à ceux qui en ont déjà pour qu’ils puissent rire de ce qu’ils ont vécu, relativisent aussi en se disant que tout le monde passe par là et que ça n’empêche pas de s’amuser, bien au contraire !

Jonathan : Et à ceux qui n’en ont pas encore, pour qu’ils se rendent compte qu’avoir un enfant n’est pas une chose facile, mais qu’il n’y a rien de grave, qu’il faut faire l’amour et des gosses. Ce petit parcours du combattant mène à la plus jolie victoire qui soit : être parent !

Par Nadine Pernay

Au théâtre de la Comédie Bastille