LA STRATÉGIE DU PIRE
Une comédie irrésistible
Interview CYRIL NECKER : entre névroses, fous rires, et rebondissements explosifs, « La Stratégie du pire » offre au public un excellent moment de théâtre. Avec sa triple casquette d’auteur, comédien et producteur, Cyril Necker nous délivre tous les secrets de cette pièce audacieuse et réjouissante.
Journaliste de formation puis directeur d’une filiale de vins et spiritueux français à l’étranger, comment en êtes-vous arrivé au théâtre ?
J’ai passé près de vingt ans à l’étranger. Je voyageais énormément. Un jour j’ai décidé de rentrer à Paris et de devenir acteur. Je me suis formé pendant deux ans. Mais, sur les tournages, je m’ennuyais avec les mots des autres. Alors j’ai eu envie d’écrire mon propre projet. J’ai toujours aimé l’écriture, et le théâtre s’est imposé tout de suite parce que c’est magique. Les gens ne se rendent pas toujours compte combien c’est exceptionnel de voir se dérouler la vie sur scène, sous ses yeux. Le théâtre est un art majeur, généreux, qui contrairement au cinéma requiert une vraie participation du public. C’est une alchimie entre des artistes et un public.
Que raconte la pièce ?
C’est une pièce sur les Français : bougons, toujours à redouter le pire, comme le ciel qui pourrait leur tomber sur la tête. Le pire est partout aujourd’hui. À partir de n’importe quel sujet d’actualité, les commentateurs imaginent le pire. Et nous, derrière nos écrans, on marche, on court même ! L’action se déroule à Paris en 2040. Paul et Julia reçoivent une lettre, la première depuis plus de cinq ans. Aucun des deux ne veut l’ouvrir, craignant le pire bien entendu. Paul est à deux jours de la promotion de sa vie et Julia n’est peut-être pas aussi lisse qu’elle veut bien le montrer. Mais l’auteur de la missive s’impatiente et pirate leur appartement pour les forcer à la lire.
« LE SPECTATEUR EST TRANSPORTÉ EN 2040 OÙ TOUT EST COMME AUJOURD’HUI, EN PIRE ! »
Quel message souhaitez-vous transmettre aux spectateurs ?
Le meilleur et le pire sont les deux faces d’une même pièce, avec et sans jeu de mots. Le pire peut mener au meilleur et inversement. On ne sait jamais. La bonne façon d’appréhender un événement est de ne pas avoir d’avis. Et ça fait du bien, car il y a moins de spéculations à faire sur l’avenir. Comme l’action a lieu en 2040, il y a beaucoup d’interactions avec une technologie très invasive. Cela donne une idée de notre vie au quotidien dans quelques années. Et comme le dit Paul : « Être chez soi en 2040, c’est très relatif ! ».
Présentez-nous votre personnage…
Paul est un quinqua grognon et un peu angoissé. Le jour il est banquier, et la nuit il envisage le pire ! Des choses horribles, il en a imaginées des tonnes. 99,99% ne se sont d’ailleurs jamais produites. Devant l’énormité de ce qui lui arrive, il n’a pas d’autre choix que d’abandonner le contrôle. Et cela va influer obligatoirement sur le cours des choses.
Une joyeuse connivence s’est établie entre les comédiens et cela se ressent sur la scène…
Oui et c’est génial ! L’alchimie de l’équipe s’est créée naturellement. Grâce à Olivier Macé et Laurence Guillet, son assistante, nous avons la chance d’avoir un groupe très éclectique qui fonctionne à merveille. Deborah Newman et Gregory Amsis qui jouent les enfants sont délicieux. Karine Revelant dans le rôle de la robote-concierge émotive est déconcertante. Hélène Bizot dans le rôle de Julia s’avère être une sérieuse manipulatrice et Philippe Etesse, pensionnaire de la Comédie Française qu’on ne présente plus, est tout simplement renversant.
Pourquoi aller voir La Stratégie du pire ?
C’est une histoire haletante, surprenante, drôle, un tourbillon d’événements inédits et hauts en couleur. Le spectateur est transporté en 2040 où tout est comme aujourd’hui, en pire ! Premier ou deuxième degré, il y a beaucoup d’humour. C’est une comédie plutôt subtile !
Par Marie-Lys de Cerval.
Jusqu’au 13 mai au Théâtre du Paradis.