L’ASCENSION DE MARIE

Un one woman show immanquable et libérateur

Coach de vie, assistante sociale, mythomane, star ou même paillasson, Marie Flowers incarne une multitude de personnages et livre une performance hors du commun, tout aussi hilarante qu’émouvante. Lumineuse et sans filtre, elle partage avec nous son amour de la scène et dévoile les coulisses de sa nouvelle création, coécrite avec Jonathan Allouche, en collaboration artistique avec Pascal Légitimus.

Après Secousses internes et Les Recettes sexuelles de Marie, vous faites votre grand retour avec un one woman show inédit. Comment vous sentez-vous ?

J’ai accouché de L’Ascension de Marie en juillet à Avignon. J’étais stressée comme une adolescente qui monte sur scène pour la première fois parce que j’ai beaucoup travaillé le texte, longtemps, je voulais que ce soit un bijou. Les très beaux retours des spectateurs m’ont énormément touchée, et ça m’a donné confiance. Je suis fière du spectacle, j’ai hâte de rencontrer le public à nouveau.

Comment est né votre intérêt pour l’humour ?

J’ai passé un Bac Littéraire-Théâtre et on m’a rapidement confié des rôles dramatiques. J’étais une tragédienne, je faisais pleurer l’auditoire, j’entendais souvent les gens se moucher dans la salle ! Ensuite, j’ai réussi le concours de l’école nationale d’acteurs l’E.R.A.C.M., et j’ai joué dans Les Pièces de guerre d’Edward Bond, mises en scène par Jean-Pierre Vincent au Théâtre des Amandiers. Ce sont des œuvres fortes sur le pourquoi de la guerre, sur comment être humain dans un monde inhumain. En parallèle, j’étais ouvreuse au Caveau de la République. J’ai adoré entendre les rires du public, et je me souviens qu’un soir, j’ai décidé que c’était ça que j’allais faire dorénavant. J’ai alors commencé à écrire avec la volonté d’apporter du plaisir, de la joie et de la légèreté.

Pouvez-vous présenter L’Ascension de Marie à nos lecteurs ?

C’est le parcours de reconstruction de Marie Coquard, un personnage qui a vécu un accident de la vie, en l’occurrence de la violence conjugale. Elle nous donne accès aux 8 facettes qui sont en elle. On a les parties victimes, celles qui souffrent, qui se plaignent, un peu beaucoup, passionnément, à la folie. On a les parties sauveuses, celles qui veulent secourir la planète et les hommes. Ce sont les infirmières. Et enfin, les parties bourreaux, celles qui nous empêchent de nous laisser abattre, nous mettent des coups de pied au derrière pour nous aider à sortir du marasme. Toutes ces parties forment le triangle de Karpman, un modèle en analyse transactionnelle visant à illustrer les différentes dimensions présentes à l’intérieur de soi.

Ce spectacle offre donc une peinture humaine dans laquelle chacun peut se reconnaître. Quel message souhaitez-vous transmettre à travers cette représentation ?

Mon objectif ultime est de donner des clés pour apprendre à rire de soi, se comprendre, et s’aimer davantage. J’ai envie de dire aux gens que nous sommes tous des êtres complexes et multiples, et que c’est normal. Donnons-nous de la tendresse et acceptons-nous comme nous sommes. J’utilise l’humour pour toucher le plus grand nombre et éveiller les consciences, tout en apportant de la lumière. L’Ascension de Marie porte également une ambition collective, hautement féministe, d’aller vers plus d’éthique et de respect.

Vous alternez les rôles avec une énergie et un naturel bluffants. Vous semblez prendre un plaisir fou à jongler ainsi entre les registres…

Je me régale à passer d’un univers à un autre. C’est la première fois que je me livre à ce genre d’exercice et c’est jubilatoire. Je joue le jeu à fond, j’ai des accessoires, des perruques, et je m’amuse. Se déguiser c’est aller au bout de la métamorphose pour offrir des images encore plus prégnantes au public et l’embarquer avec soi.

Comment s’est déroulée votre collaboration avec Pascal Légitimus ? Quel a été l’impact de son regard artistique sur le show?

C’est agréable de faire équipe avec Pascal, tout se passe dans le respect, de façon simple et naturelle. La parole se libère sur l’inceste, sur le viol, mais reste encore tabou sur la violence conjugale, et j’espère que ce spectacle va ouvrir la voie. Pascal m’a énormément soutenue sur ce point. Et en même temps, il a veillé à ce qu’on ne perde jamais de vue l’axe humoristique. Son créneau, c’est la comédie, et c’est pour ça que j’ai souhaité travailler avec lui. Sensibiliser sur un sujet grave en faisant rire les spectateurs, voilà tout l’enjeu de cette aventure.

Pour finir, si vous deviez choisir trois mots pour qualifier votre one woman show…

Je dirais que L’Ascension de Marie est un ascenseur émotionnel à la fois drôle, subversif, et revitalisant.

A la Scène Parisienne

Par Marie-Lys de Cerval