À la découverte des costumes du Moulin Rouge

Depuis l’an 2000, le Moulin Rouge a crée la revue Féerie dont le French Cacan, les strass, les plumes et les paillettes font rêver le monde entier. Pour ce numéro, nous avons voulu en savoir plus sur une des clés de ce succès : les magnifiques costumes qui habillent chaque soir les 60 danseurs du spectacle. Créés dans les ateliers du Moulin Rouge avec l’aide de maisons françaises de renom, chacun de ces costumes sont uniques et faits main. Autant de couturiers, plumassiers, bottiers et brodeurs d’excellence, véritables symboles du savoir-faire français en matière de couture.

Nous avons rencontré Marie Calinski, Chef Costumière et Habilleurs, la plus haute représentante des ces petites mains si précieuses, qui travaillent de jour comme de nuit.

Comment et combien de costumes sont créés pour une revue ?

Cela dépend bien évidemment du spectacle, du nombre de tableaux et d’artistes sur scène ! Aujourd’hui, la revue « Féerie » compte plus de 1000 costumes de plumes, strass et paillettes, des pièces plus incroyables les unes que les autres ! Le Moulin Rouge possède son propre Atelier de Création, deux ateliers couture ainsi qu’un atelier bottier, la Maison Clairvoy ; un atelier plumassier, la Maison Février et un atelier brodeur, l’Atelier Valentin ! Le savoir-faire de ces ateliers et le travail en harmonie de ces maisons d’exception assurent une qualité unique.

Où trouvez-vous les sources d’inspiration pour le design des costumes ?

Pour la revue « Féerie », le Moulin Rouge a fait appel au grand costumier italien Corrado Colabucci, qui a imaginé les costumes selon les histoires conçues par les metteurs en scène. Il y a 4 tableaux au Moulin Rouge, « le Moulin Rouge aujourd’hui et hier, le Moulin Rouge toujours », « Les Pirates », « Au cirque », « Le Moulin Rouge de 1900 à… », des thèmes qui laissent beaucoup de places à l’imagination !

Pourriez-vous nous fournir une fourchette de prix, en spécifiant quels sont les costumes les plus chers et les moins chers ?

Actuellement, le costume le plus cher de la revue « Féerie » est le costume du final du tableau ‘pirate’, le costume « Lady Riche » entièrement brodé à la main, des plumes fluorescentes sur la coiffe et les épaules et des chaines de bijoux réalisées à la main d’une valeur de 30 000 euros pièce.

Pourriez-vous décrire le processus de création d’un costume de French Cancan ?

Le costume de French Cancan est lié à l’histoire même de cette danse et à ses contraintes : acrobaties, souplesse et provocation ! La première étape de création est bien sûr la création du dessin, suivie de la fabrication d’un prototype pour se rendre compte au mieux de son aspect final. On passe ensuite au métrage : il faut environ 45m de volants par jupon. Le choix du tissu, son poids et la quantité du métrage est très important pour le confort des danseuses. Le jupon s’attache à la robe qui elle aussi pèse par le métrage de l’ampleur de sa jupe. Le corsage est souvent un bustier à baleines pour maintenir le corps et laisser les épaules découvertes. Pour sublimer le costume, la robe est pailletée à plusieurs endroits pour la faire briller de mille feux sur la scène !

Quelles sont les pièces les plus difficiles à confectionner ?

Les pièces les plus difficiles à confectionner sont les plus petites ! Au Moulin Rouge, le string, par exemple, doit être extrêmement solide car il doit supporter des structures métalliques recouvertes de plumes, de tissus ou encore de strass ! Les costumes de la revue « Féerie » du Moulin Rouge nécessitent entre 10 à 280 heures de travail selon les modèles et une confection extrêmement minutieuse !

Le Moulin Rouge peut compter sur une équipe de 33 personnes qui travaillent au quotidien dans ses ateliers. Comment est-ce qu’ils s’organisent ? Quelle fonction a chacun ?

Dans l’Atelier de Création du Moulin Rouge, 10 couturières et couturiers passionnés travaillent en lien avec les autres ateliers pour garantir la qualité et la résistance irréprochable nécessaire aux costumes des danseurs. Ce sont eux qui sont chargés de confectionner les costumes neufs en remplacement de ceux qui doivent quitter la scène, ils sont toujours réédités à l’identique. Ils travaillent avec les autres Ateliers d’Art, bottier, brodeur ou plumassier ; une complémentarité nécessaire et indispensable pour le résultat souhaité ! Lorsque les costumes nécessitent une petite remise en beauté, les ateliers de couture les réparent, les paillettent et les renforcent. N’oublions pas qu’ils sont portés tous les soirs, deux fois par soir. Une équipe de jour et une équipe de nuit sont nécessaires pour que chaque costume soit prêt à monter sur scène.

Combien de personnes de l’extérieur interviennent dans la création ?

Nous confectionnons la quasi-totalité de nos costumes en interne grâce à nos ateliers, mais il nous arrive de faire appel à des ateliers extérieurs pour les compléter. Par exemple, nous sommes actuellement en train de refaire à neuf tous les costumes du final de la revue. Pour cela le Moulin Rouge fait appel à M. Privat, unique carcassier de France, pour la réalisation des structures du costume de plumes roses.

Quelle est la tenue la plus ancienne dont vous disposez ?

Le costume le plus ancien que nous possédons est celui de Jane Avril, célèbre danseuse Cancan du Moulin Rouge à la fin du XIXe siècle. Le Moulin Rouge a depuis quelques années mis en place une politique de rachat et de préservation des costumes de scène, d’archives et de tout ce qui concerne l’histoire du cabaret.

Quelle formation est nécessaire pour intégrer les ateliers du Moulin Rouge ?

Il y a tellement de métiers différents qui interviennent au sein des ateliers que chaque corps de métier a besoin d’une formation spécifique. Nos ateliers couture recrutent dans toute la France mais il est indispensable d’avoir obtenu le DMA (Diplôme des Métiers d’Arts spécialisation mode, vêtement et costume). Nous accueillons régulièrement des stagiaires de l’école Paul Poiret à Paris, de l’école Aline Buffet à Cannes ou de l’ENSATT à Lyon. La Maison Clairvoy (atelier bottier) ne recrute que des jeunes formés par les compagnons du devoir. La Maison Février (atelier plumassier ) recrute des personnes formées par le lycée Octave Feuillet, la seule formation existante aujourd’hui dans l’art de la plumasserie.