Aïda Asgharzadeh

Aïda Asgharzadeh est à l’affiche de « La main de Leïla » au Théâtre des Beliers Parisiens.     

Interview avec une femme de talent où ressort tout son amour pour l’écriture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qui est vraiment Aïda ?

Contrairement à ce que mes pièces peuvent porter à croire, je suis quelqu’un de très joyeux, drôle, sociable. J’aime le contact avec les autres. Je peux parler ou écouter pendant des heures. Je suis très épicurienne aussi : la bouffe, les couleurs, les matières, le soleil, le vin, le toucher, etc. Mais je suis très cérébrale (ce qui n’est pas antinomique). Je crois que je suis quelqu’un de très précis. Et puis comme pour restaurer l’équilibre, j’ai parfois besoin d’être dans ma grotte. C’est comme si tout à coup, je n’entendais ni voyais plus les autres. Je coupe court avec l’extérieur. Mes potes disent que je fais une « mise à jour ».

Que voulez-vous nous raconter dans vos pièces ?

“Les Vibrants” raconte la rencontre entre une Gueule Cassée et Sarah Bernhardt : comment le théâtre va sauver ce défiguré. À travers l’image forte d’un blessé au visage, j’ai voulu, avec mes camarades comédiens, parler de reconstruction identitaire. Comment se reconstruire quand on croit qu’on a tout perdu.

Comment l’art peut-il être salvateur ?

Dans “La Main de Leïla”, on est plus proche d’un “Roméo et Juliette” à l’algérienne. La structure est inspiré du conte: les amants éternels frustrés par d’anciennes querelles, ici, un fond historique méconnu en France qui est la répression par l’armée des manifestants algériens d’Octobre 88, juste avant la décennie noire.

Comment s’inspire Aïda pour écrire un scénario ?

Après une surdose de sociabilité, j’ai soudainement besoin d’être dans ma bulle. Je deviens silencieuse, le monde m’ennuie, le bruit me gêne. Je sais maintenant que c’est le moment où j’ai besoin d’écrire. De me reconnecter à moi-même. Ce que j’essaie de faire. Souvent, dans ces périodes, juste avant de tomber dans le sommeil, des images me viennent. Si je suis trop fatiguée, je m’endors en les oubliant et elles s’effacent. Mais si j’y prête attention, elles prennent de plus en plus de place, de consistance. Dans les semaines qui suivent, je lis énormément. J’essaie de trouver un sujet qui capte mon attention. Qui résonne avec cette image. C’est souvent comme ça que nait mon processus créatif.

Quel est le premier pas à franchir pour un jeune comédien ?

Aimer se tromper. Le plus difficile est, je crois, de ne pas vouloir le résultat à tout prix mais de chercher. Et pour bien chercher, il ne faut pas avoir peur de se tromper. Il faut essayer, revenir, modifier, sculpter son personnage. Oser vraiment se tromper demande d’être libéré du jugement. C’est alors qu’on trouve le fondement jouissif de son jeu.. Et le deuxième ? Faire. Il ne faut pas contourner les choses, il faut aller en plein dedans. Mais aller en plein dedans fait peur. Alors on trouve des excuses, on procrastine, on attend qu’on vienne nous prendre par la main. Et pendant ce temps, on stagne. Le comédien est maître de son parcours. Il doit être autonome et actif. Et pour une auteure ? Mettons que le premier pas est d’écrire son œuvre de A à Z, le deuxième est d’entendre les retours. Les entendre réellement. Je confie la lecture de mes textes à 3/4 personnes de confiance, et j’essaie le plus possible de ne pas me justifier face aux retours qu’ils me font. De les prendre comme des potentielles évolutions constructives du texte. Il faut juste assez connaître son sujet pour faire le tri (en silence, dans sa tête ! ça fait gagner du temps).

On dit que le théâtre est un métier plus de contacts que d’études. Qu’en dites vous ?

Peut-être que sans contacts, on peine à travailler mais sans acquis solides, on ne va pas bien loin non plus. Je ne connais pas tout Paris mais je vous assure que la plupart des comédiens que je connais travaillent parce qu’ils sont bons ! Il faut montrer dans un second temps qu’on existe, mais d’abord, mieux vaut forger sa technique et sa sensibilité. Je pense qu’une fois qu’on est solide, tout est possible.

Si j’aime Paris, que dois-je faire ?

Prendre un petit dej’ à l’Abattoir Végétal, se promener dans le jardin des plantes (et voir les pandas roux !), faire un footing dans le bois de Vincennes, déjeuner au Bastringue et en profiter pour disputer une partie de ping-pong le long des quais de Seine (mais l’hiver approchant, mieux vaut opter pour les patins à glace sous la nef du Grand Palais), prendre une pâtisserie japonaise pour le goûter chez Aki (oui, je suis très gourmande) et bien évidemment aller voir la Main de Leïla à 19h au Théâtre des Béliers.

Et sinon, où dois-je aller ?

Sans réfléchir à l’auberge de la Pietra Moneta, près de l’Ile Rousse, en Corse. On y va tous les ans avec un groupe d’amis. Pour les sportifs l’entrée du GR20 n’est pas loin, pour les autres la mer est simplement parfaite. C’est calme, beau, brut. C’est un peu notre seconde résidence. …Et on y mange divinement bien ! Et terminons avec vos futurs projets. Dans 20 ans que voulez-vous faire ? Oh ! Je n’arrive pas du tout à me projeter au-delà des projets en cours de maturation ! Mais je vais faire un effort et viser 5. Dans 5 ans, je ferai un peu cinéma… Pas forcément en face de la caméra.