Brigitte Massiot
« Ça reste entre nous », actuellement au théâtre du Gymnase-Marie Bell, est une comédie de Brigitte Massiot, qui avait déjà signé « Triptyque Amoureux » ou encore « Petits Jeux entre ennemis ». L’auteure y parle des gens et de leur humanité, des travers de notre société comme de ses bons côtés, avec toujours beaucoup d’humour et de sincérité.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur Ça reste entre nous ?
C’est une pièce qui parle d’amour, de choix, de décisions et de tolérance. On est parfois confronté dans la vie à des choix difficiles et la question est : doit-on prendre des décisions qui risquent de bouleverser la vie de son entourage ou doit-on y renoncer ?
Quelles sont les thématiques de société qui vous ont inspirées dans l’écriture de cette pièce ?
Notre société parle beaucoup de tolérance, d’accepter l’autre, du vivre-ensemble. sur le papier, tout cela part d’un bon sentiment, on y croit. Mais, on se rend compte que, la plupart du temps, les mots sont très éloignés des actes. accepter l’autre dans ce qu’il est intrinsèquement n’est pas chose facile, mais dans un couple, ça tient souvent du prodige. parler de la vie de couple, de l’âge, du temps qui passe. Notre société nous propose des tas de concepts, comme le bien vieillir, le vieillir jeune, le vieillir sans vieillir, mais très vite, là aussi on s’aperçoit que la réalité est tout autre. J’aime écrire pour des quinquas, des sexagénaires. il ne faut pas croire, l’âge n’empêche pas de rêver, d’avoir des projets, de changer de vie, je dirais même bien au contraire : on va à l’essentiel.
Pouvez-vous nous parler de la mise en scène, et de votre collaboration avec Olivier Macé ?
Ma collaboration avec olivier macé est d’abord et avant tout une histoire d’amitié. Olivier aime travailler dans la légèreté, ce qui ne veut pas dire sans sérieux. c’est un metteur en scène qui génère de la bonne humeur et qui donne de la place aux comédiens. ils ont le droit de proposer, d’essayer. Et du coup, en leur donnant cette liberté d’expression, de jeu, on est dans un échange, dans une réactivité de part et d’autre. il est calme, attentif et respectueux des autres. Ni lui ni moi n’aimons la mélancolie, alors on s’amuse beaucoup. Il a fait une mise en scène efficace, fluide, tonique, qui correspond bien à la pièce.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le jeu des quatre acteurs et en quoi leurs personnages leur ressemblent ?
J’aime la sincérité, la fraîcheur, la capacité d’adaptation d’Isabelle de Botton. l’énergie, les ruptures, l’efficacité de Michèle Garcia. la naïveté, le côté bon enfant, la drôlerie naturelle de Bruno Chapelle. l’élégance, la détermination, le professionnalisme de Pierre Douglas. Je ne pourrais pas dire en quoi ils sont proches de leur personnage. il y a sûrement quelque chose d’eux, on va souvent chercher en soi pour nourrir un personnage, mais c’est intime, c’est sa cuisine intérieure. Ce que je sais, et que je vois, c’est que tous les quatre ont une vraie complicité et un vrai plaisir à être sur scène ensemble.
Quels ressorts comiques aimez-vous utiliser dans l’écriture ?
Le rire dans le théâtre apporte une forme de liberté. Ça me permet de dire et de parler de certaines choses en utilisant la légèreté de l’humour. Faire rire les gens en parlant de leurs problèmes est une façon de les désamorcer, d’essayer de voir les choses autrement. Je ne sais pas si j’utilise des ressorts comiques, j’écris comme je parle, j’ai des expressions, des façons de dire les choses qui font rire, parfois sans que je le veuille vraiment. J’évite la facilité ou la vulgarité, mais j’aime aller dans l’excès des situations. Mais je crois que c’est la sincérité des comédiens qui font que le texte est drôle. Plus ils jouent de manière vraie et sincère, plus la comédie est drôle.
Comment expliquez-vous le succès de la pièce ?
Alors là, je ne sais pas. Rien de plus difficile qu’une comédie. On ne rit pas tous des mêmes choses. C’est un vrai mystère. et je pense que si on savait, on aurait une recette magique et si on avait une recette magique, il nous serait plus facile d’écrire des pièces à succès.
Quels sont vos nouveaux projets ?
J’ai cinq pièces dans mes tiroirs, des comédies, deux sur les cinq, sont en bonne voie. Et j’ai dans la tête, depuis quelque temps, une nouvelle idée qui a tendance à s’incruster sérieusement donc… Affaire à suivre de très près !
Par Nadine Pernay
Jusqu’au 26 mai