CHRISTOPHE DELORT
Ne s’arrête jamais !
Christophe Delort est l’auteur et metteur en scène des adaptations à succès de Sherlock Holmes « La vallée de Boscombe » et « L’aventure du diamant bleu ». Il est également à l’affiche du seul en scène humoristique « Une heure de philosophie avec un mec qui ne sait pas grand chose »… Rencontre avec un artiste créateur de succès !
Comment passe-t-on de pompier volontaire à auteur, metteur en scène et comédien ? Le théâtre a-t-il toujours été une passion ?
C’était un choix difficile… Mais j’ai su écouter mes envies. J’avais réussi le concours de pompier professionnel à 18 ans et j’ai continué mes études pour me destiner au métier d’officier, mais au fond de moi je voulais faire rire les gens depuis que j’étais gosse. J’ai toujours baigné dans l’humour avec un père (pompier) et un oncle très drôles. Les repas de famille, c’était un grand spectacle ! J’ai commencé le théâtres très tard. J’ai commencé par l’improvisation à 22 ans et à 25 ans je débutais dans le one man show. J’avais une forte motivation mais je n’avais pas du tout la technique, les codes… J’ai observé et je suis lancé. dans ce métier, c’est le public qui décide. Petit à petit j’ai eu la chance d’avoir du monde dans mes salles, de multiplier les projets et de pouvoir en vivre. 15 ans après mes dénis, j’ai 3 pièces au Grand Point Virgule, j’ai ma propre production et je viens d’acheter un théâtre (Théâtre Notre Dame à Avignon)… Merci la vie !
Vous avez adapté et mis en scène deux nouvelles de Sherlock Holmes. En quoi ce célèbre détective de fiction vous inspire-t-il ? Et pourquoi fait-il tant se déplacer les gens selon vous ?
Le phénomène Sherlock est incroyable ! Tout le monde aime ce personnage, que ce soit en série télé, au cinéma, dans les livres… J’ai découvert pour la première fois les nouvelles de Conan Doyle à 34 ans et quand j’ai lu « Le mystère de la vallée de Boscombe » , j’ai eu un flash, il fallait que j’adapte cette enquête au théâtre en utilisant ce que je savais faire : l’interaction avec le public et l’humour. J’aime placer le spectateur dans une position active… Il essaye de trouver les meurtrier et de comprendre les déductions de Holmes. Pour nous, les comédiens, c’est toujours un plaisir de jouer plusieurs personnages sur scène (On est 3 pour jouer 10 rôles) et je laisse des libertés pour pouvoir improviser en fonction des réactions du public. Le spectacle vivant se doit d’être vivant ! Élémentaire.
Ces trois pièces sont des spectacles interactifs. C’est un genre que vous semblez particulièrement aimer. Qu’apporte-t-il de plus selon vous ? Et comment aborde-t-on la préparation de ce genre de spectacles ?
Effectivement, j’adore l’interactivité. Venant du monde de l’improvisation, j’ai toujours aimé donner la parole aux spectateurs en veillant à toujours rester bienveillant. Je ne fais monter personne sur scène, mais je laisse la liberté au public d’intervenir régulièrement. Et la plupart du temps, on est très surpris de voir à quel point les spectateurs peuvent se sentir à l’aise en prenant la parole devant 200 ou 400 personnes ! Chaque soir, c’est une véritable rencontre entre les comédiens et le public. Il faut rendre la représentation unique. Sinon, autant aller au cinéma.
On ne présente plus Sherlock Holmes et le mystère de la vallée de Boscombe, qui entame sa 7e année de programmation parisienne ! Comment fait-on pour ne pas arriver à une forme de lassitude ? Sentez-vous que le spectacle a encore la capacité d’évoluer ?
7 ans de longévité c’est vrai que c’est énorme. Vu de l’intérieur, le spectacle n’a cessé d’évoluer et aujourd’hui encore avec l’équipe de comédiens qui m’entourent, on ajuste, on tente, on s’amuse. Le théâtre c’est une mécanique très précise. En tant que comédien, c’est assez fou de se rendre compte qu’une réplique peut avoir un impact totalement différent selon comment elle est jouée. Dans Sherlock, nous avons tous les ingrédients pour ne pas nous ennuyer. L’interaction permet de rester toujours en alerte, l’improvisation permet aux comédiens d’avoir un espace de liberté et enfin, les 10 comédiens sont en alternance donc tout le monde joue ensemble. C’est que du bonheur !
Vous êtes également à l’affiche d’un spectacle d’humour qui vulgaire la philosophie, et dans lequel vous jouez seul. Comment pass-t-on d’une pièce avec 3 comédiens, 10 personnages… et une dinde (Sherlock Holmes et l’aventure du diamant bleu), à un seul en scène ?!
Pour moi, c’est le retour à mes premiers amours du one man show. Là encore l’aventure est incroyable, Je ne pensais pas rencontrer un tel succès avec un spectacle d’humour sur la philosophie. Mon objectif est de faire rire et réfléchir, que l’on ait 10 ans ou bien que l’on soit prof de philo. Objectif atteint ! 2 festivals off complets et 2eme saison au Grand Point Virgule. Pour la petite anecdote, j’ai fait ma première de ce spectacle à Tahiti… et à partir de Janvier 2024, une comédienne tahitienne va jouer ce spectacle à l’année.
Comment vous est venue l’envie d’aborder la philo ? Un sujet qui vous a particulièrement marqué à l’école ?
J’ai fait un bac scientifique… La philo c’était pas vraiment ma priorité. Ce spectacle d’humour sur la philo est né pendant le confinement… Une période qui nous a tous fait réfléchir sur le bonheur, la vérité, le temps… J’en ai fait un spectacle et chaque représentation est l’occasion pour moi de passer un message sur l’importance de profiter de la vie… Soyons heureux !!
Pourquoi devrions-nous aller écouter pendant une heure « un mec qui ne sait pas grand chose » nous parler de philosophie ?
Parce que ce mec a un peu d’humour… Et aussi parce que vous sortirez de la salle en vous disant qu’il faut profiter de la vie… Il n’y en a qu’une !!
Avez-vous le temps d’avoir d’autres projets artistiques ? Quelle pièce rêveriez-vous de jouer ?
Des projets j’en ai peut-être un peu trop, mais bon c’est ma manière d’être ! Je sors ma troisième adaptation de Sherlock Holmes en janvier 2024. Je travaille sur un bio pic d’un célèbre gangster pour le Festival Avignon Off 2024… J0ai aussi le souhait d’écrire Une heure dans les étoiles… un one man show sur la vulgarisation du cosmos, des trous noirs, des galaxies. Nous sommes de la poussière d’étoiles, faudrait penser à passer un bon coup d’aspirateur !
Un dernier mot ?
Je voudrais terminer l’interview en remerciant le public, qui me suit, le Grand Point Virgule qui m’accueille depuis des années et toutes les personnes qui m’entourent dans mes projets : comédiens, co-auteurs, décorateurs, producteurs, costumières. Sidonie Groignet, Bénédicte Bourel, Aurélie Vient, Janie Loriault, Pauline Gardel, Ana Carage, Oscar Burton, Alain Tourniaire, Emmanuel Gasne, Mathieu Davidson, Karim Wallet, Henri Rizk, Erik Maillet, Christophe AUzolles, Jean-Marc Guillaume, Jonathan Chaboissier.
À retrouver au Grand Point Virgule
Et sur Bam Tickets : Sherlock Holmes et le mystère de la vallée de Boscombe, Sherlock Holmes et l’aventure du diamant bleu, et 1h de philosophie avec un mec qui ne sait pas grand chose
Par Mélina Hoffmann