SACHA CONTRE GUITRY (tout contre)

La nouvelle création de Sacha Danino au Théâtre Michel

© Patrick Danino

Avec Sacha contre Guitry, Sacha Danino (auteur des succès « l’Embarras du choix », « Le Tour du Monde en 80 jours », « Dernier coup de ciseaux », etc.) propose une pièce intime qui, par le prisme de la relation entre Sacha et Lucien Guitry, aborde l’universel sujet du lien père-fils. Une aventure résolument onirique, qui navigue adroitement entre comédie et psychologie.

Comment est né Sacha contre Guitry (tout contre) ?

C’est Thomas Marceul, comédien qui joue dans la pièce, qui m’a proposé de travailler sur ce sujet. Si j’étais assez dubitatif au départ, je me suis très vite aperçu en me documentant que ce sujet dépassait la simple relation entre Sacha Guitry et son père Lucien : cela raconte avant tout le lien entre un fils et son père. D’un sujet singulier, j’ai donc atterri sur un sujet universel.

Comment vous êtes-vous documenté ?

Comme tout le monde, je connaissais un peu Guitry. Mais pour ce projet, j’ai réalisé un véritable travail de documentation : j’ai relu et revu ses pièces, visionné ses films, lu six biographies. Très vite s’est posée la question de la fidélité et de la loyauté envers Sacha Guitry. Lorsqu’on travaille sur un fait ou un personnage historique, une tension émerge systématiquement entre la loyauté envers l’Histoire et les enjeux dramaturgiques.

J’AI RÉALISÉ UN VÉRITABLE TRAVAIL DE DOCUMENTATION : J’AI RELU ET REVU LES PIÈCES DE GUITRY, VISIONNÉ SES FILMS, LU SIX BIOGRAPHIES…

Comment avez vous opéré cet équilibre entre véracité et narration ?

J’ai en fait commencé par une première version qui était d’une fidélité presque maladive envers Guitry ! Petit à petit, j’ai appris à donner le primat à la narration, tout en ayant à coeur de ne jamais trahir Guitry dans ses intentions ou dans sa personnalité. S’il y a des interprétations psychologiques que j’ai faites et qui n’émanent pas de ses oeuvres ou de ses biographies, je le souligne dans la pièce ! D’ailleurs, le format de la pièce permet ce genre d’apartés.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le format de la pièce ?

Déjà l’histoire : la pièce raconte les relations entre Sacha Guitry et son père, vues au travers d’un quadragénaire qui tente désespérément de renouer avec son père. C’est donc une pièce résolument onirique. Aussi, et puisqu’on parle de Guitry qui était un homme de théâtre, il m’était impossible de ne pas faire du théâtre dans le théâtre : la pièce regorge donc de mises en abîme, et s’inscrit dans une forme de continuum avec mes pièces précédentes, où le 4ème mur est systématiquement cassé.

ON RIT BEAUCOUP DANS CE SPECTACLE, MAIS L’HUMOUR N’EST PAS UNE FIN EN SOI, IL EST AU SERVICE DE LA NARRATION

Cet onirisme implique aussi une mise en scène très rythmée…

Tout à fait, c’est le propre des oeuvres oniriques : on peut passer d’un univers à un autre très rapidement. J’en joue d’ailleurs, en faisant encore une fois du théâtre dans le théâtre : les comédiens soulignent qu’on est passé d’une scène à une autre sans cohérence ! Ned Grujic à quant à lui brillamment relevé le défi, avec une mise en scène ingénieuse et pleine de vivacité.

Comment décririez-vous cette pièce ?

Je dirais que c’est avant tout une pièce psychologique, qui charrie à la fois de l’émotion et de la comédie. On y rit beaucoup, mais l’humour n’est pas une fin en soi, il est au service de la narration. J’aime l’idée que les gens sortent du théâtre en se disant « j’ai passé un très bon moment, et en plus de cela j’ai ri ».

Pour finir, contre quoi êtes vous contre, tout contre ?

L’ambivalence de la question est intéressante. Je dirais… Moi ! Je suis contre moi, tout contre.

À partir du 12 octobre au Théâtre Michel

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Par Sophie Geneste