CHRISTOPHE DELORT

Il a plus d’une corde à son arc !

Auteur à succès des adaptations de « Sherlock Holmes » au théâtre, nous retrouvons Christophe Delort à Avignon, avec pas moins de 5 spectacles à l’affiche. Artiste polyvalent, à la fois metteur en scène, comédien et co-directeur du théâtre Notre Dame à Avignon, sa nouvelle création « Al Capone » est à découvrir dès cet été !

Vous présentez cette année une nouvelle création, Al Capone. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans la figure de ce gangster ?

Je fais toujours des spectacles que j’aurais aimé voir. La vie d’Al Capone, dit « Scarface », m’intéressait. On connaît tous cette figure populaire, mais on ne sait pas vraiment la vie qu’il a eu… L’Histoire m’intéressait : c’est le contexte de la prohibition qui a créé ce monstre d’Al Capone. En 1926, il devient l’homme le plus riche des États-Unis. Avec son ami Johnny Torrio, ils ont pris le contrôle de Chicago. C’est fascinant de suivre cette trajectoire de vie. Beaucoup de changement de costume, de personnages… Mes associés, Alain Tourniaire et Bénédicte Bourel, jouent avec moi sur Al Capone. Deux musiciens live : Alain saxophoniste professionnel et Lionel Espitalier. 5 comédiens sur scène, dont Bénédicte et moi, pour 40 rôles ! Je recherche cela dans tous mes spectacles, de Sherlock ou Carmen : un seul comédien joue plusieurs personnages. C’est un défi ici, car il n’y a pas d’humour. On change de registre.

Dans vos projets, il y a souvent ce travail de vulgarisation par l’humour. Pensez-vous que le théâtre, qui encourage une interaction avec le public, est un lieu particulièrement enclin à la découverte d’œuvres canoniques ?

Exactement ! C’est le rôle que je veux jouer : permettre au public de découvrir un domaine, une histoire. Avec Carmen, c’était faire découvrir la véritable histoire écrite par Prosper Mérimée, qui a inspiré l’opéra de Bizet. Ici, je voulais faire découvrir la vraie vie d’Al Capone, pour qu’en sortant, les gens puissent retenir des détails jusqu’alors inconnus, comme sa couverture de vendeur de meubles… Nombre de comédies sont là pour divertir, ce que j’ai fait plus jeune avec mon one man show. Maintenant, j’aime utiliser le théâtre comme un moyen de faire découvrir une histoire ou une œuvre littéraire, ce qui a été le cas avec Sherlock Holmes. On connaît tous Le chien de Baskerville mais beaucoup moins ses autres aventures. Ça n’avait jamais été fait au théâtre, de même que le véritable histoire d’Al Capone.

Vous êtes aussi co-directeur du théâtre Notre Dame à Avignon. Cette expérience a-t-elle changé votre rapport au théâtre ? Avez-vous plus de liberté, plus de choix ?

J’ai eu la chance de reprendre la direction du théâtre Notre Dame. Nous sommes trois associés : Alain Tourniaire, Bénédicte Bourel et moi. On doit choisir les spectacles qu’on veut programmer dans nos trois salles. Il faut sélectionner les projets, s’occuper des compagnies… On a quand même 35 spectacles cette année. Il y a beaucoup de travail en amont. Mais c’est une super aventure qui nous permet de découvrir un autre aspect de notre métier au-delà de la production. Par exemple, je peux choisir mon matériel et le mettre à disposition des autres compagnies, ce qui est génial. C’est une nouvelle corde à mon arc. Cela nous permet aussi, en tant que producteurs, de programmer nos propres spectacles.

Justement, pour le festival Off d’Avignon, vous avez 5 spectacles à l’affiche !

C’est un bonheur de revenir à chaque fois : avec les Sherlock qui ont toujours un super accueil ; la philosophie qui fait son troisième Avignon ; Carmen qui revient. Cette année est particulière car je sors deux créations : Al Capone mais aussi Sherlock Holmes et le signe des quatre. J’ai beaucoup travaillé. Avec Sherlock, c’est ma troisième adaptation, donc j’ai un public de fidèles que je ne veux pas décevoir. En plus de cela, j’ai fait Al Capone dans un nouveau registre…Comme c’est un métier passion, on ne voit pas le temps passer !

Un dernier mot sur vos prochaines dates ?

Les trois spectacles sur Sherlock et Une heure de philosophie reprennent à la rentrée au Grand Point-Virgule. J’y serai une fois par mois en fonction de ma vie familiale. Pour Al Capone, on attend déjà de voir l’accueil qu’il aura à sa sortie. Carmen, après un très bel accueil, a eu des propositions à Paris, nous verrons si cela se concrétise. La production à Paris a toujours des enjeux financiers extrêmement forts : il faut remplir les salles ! L’idée est de présenter les projets à Avignon puis de voir si on peut les programmer à Paris. C’est tout le sens du nom de notre production, « P.A Prod », soit Paris et Avignon Production.

Au Théâtre Notre Dame, à Avignon, du 29 juin au 21 juillet

Au Grand Point Virgule, à partir du mois de septembre

Par Louisa Moenne-Loccoz