EN ATTENDANT ALBERT

Interview de Marie Vincent

Que se passe-t-il après la mort ? La nouvelle comédie de Patrick Meney va vous donner quelques idées. Marie Vincent y incarne la matriarche d’une famille qui se reconstitue « au fond du trou », entre écarts générationnels, jalousies, réconciliations, le tout avec beaucoup d’humour et une répartie décapante. Sur scène, elle est entourée de Pierre Deny, Jeanne Savary, Tom Almodar et Aëla Chanel.

On vous connaît grâce à vos nombreuses apparitions au cinéma, à la télévision, au théâtre. Abordez-vous ces rôles différemment en fonction du médium ?

Bien sûr. Ce n’est jamais la même façon de travailler, de faire les choses. En tournage, on peut recommencer, on peut se poser des questions ; un personnage de théâtre, ça se construit, ça se réfléchit, ça s’incarne beaucoup plus lentement, ça suppose un travail de fond parfois plus important que celui que nous offre l’image.

Vous incarnez Janine dans En Attendant Albert, de Patrick Meney. Qu’est-ce qui vous a séduite dans cette pièce ?

Elle ne ressemble à aucune des pièces que j’ai pu revendiquer et jouer. C’est une fantaisie ; j’ai l’habitude du théâtre dit (avec noblesse) de boulevard. Je trouvais que là, l’idée était particulièrement originale, puisque tout se passe sous terre. Nous nous rejoignons tous, les uns les autres, parmi les morts. C’est un monde que personne ne connaît mais que tout le monde imagine. Ça me plaisait d’évoluer “au fond du trou” et j’étais curieuse de voir comment notre auteur avait pu imaginer ce no man’s land, dans lequel on se demande ce que font les gens sur terre.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre personnage ?Vous êtes-vous trouvé des points communs, ou l’inverse ?

C’est un personnage extrêmement généreux, qui prend beaucoup de place ! Elle a un sens de la répartie absolument évident ; c’est une amoureuse et une gentille. Elle est dépassée par les différences générationnelles qui se creusent là-haut, elle est surprise, mais elle est très ouverte et tolérante. Il y a certaines choses qu’elle a du mal à digérer,
mais cela ne passe jamais par la critique ou par de mauvais sentiments, elle a une profonde empathie. Elle est drôle grâce à sa force de vie et elle ne mâche pas ses mots, ce dans quoi je me retrouve ! Comme moi, elle appelle un chat un chat.

Vous partagez la scène avec quatre autres acteurs, dont Jeanne Savary, avec laquelle on vous retrouve souvent sur le petit écran dans En Famille. Est-ce que cela rajoute, justement, une aisance dans le processus de création ? Comment faites-vous pour créer un esprit de cohésion ?

L’amitié est un sentiment déjà tellement magique, et lorsqu’on peut la partager dans le travail, dans la création, c’est un
cadeau ! Jeanne est une magnifique actrice, et ses propositions sont ravissantes. Avec le groupe, cela se passe tout à fait simplement, au hasard et au fil des répétitions. On se rend compte qu’on a un objectif commun : travailler, répéter, être heureux et proposer aux spectateurs un moment de plaisir. Chacune des personnalités que j’apprends à connaître me surprend, m’intéresse. C’est une jolie petite mayonnaise qui est en train de prendre !

Olivier Macé travaille à la mise en scène. Comment se passe la collaboration avec lui ?

Elle se passe très bien, c’est quelqu’un de très positif. Il nous laisse faire et il est dans l’échange, il aime écouter nos idées. Cela rajoute une richesse au travail fourni ensemble. Il sait exactement ce qu’il veut, où il va. Il a un processus tout à fait étonnant et intéressant : il connaît déjà sa mise en scène avant les répétitions ; il a déjà travaillé sur les déplacements de chacun. En tant qu’acteurs, nous sommes débarrassés de certaines préoccupations gestuelles, sans que ses propositions ne soient écrites dans le marbre. C’est très agréable.

Quelques mots pour donner envie au public de venir vous voir ?

Qu’est-ce qui se passe quand on est mort ? Vous aimeriez bien le savoir ! Venez nous voir car on vous apporte quelques réponses, quelques pistes de réflexions qui sont loin d’être inintéressantes. On rit, on est ému face à cette famille qui se recompose. Cette pièce offre moult sentiments à ressentir et à partager tous ensemble.

A partir du 23 janvier, au Théâtre de la Scène Parisienne

Par Léa Briant