ET PENDANT CE TEMPS SIMONE VEILLE !

Quatre générations de femmes se succèdent

©Stéphane Parphot

Après plus de mille représentations la pièce « Et pendant ce temps Simone veille » est toujours à l’affiche du Théâtre Comédie Bastille et ce, jusqu’au 31 décembre. Le spectateur est invité à un voyage temporel au cours duquel quatre générations de femmes se succèdent, tissant ensemble le fabuleux récit de la lutte féminine. Gil Galliot, le metteur en scène, nous raconte avec passion cette fresque féministe qui s’est forgée à travers des batailles acharnées, des doutes, mais surtout un désir ardent de liberté.

Et pendant ce temps Simone Veille ! a fait plus de mille représentations. Qu’est-ce qui fait, selon vous, le succès de cette pièce ?

Ce spectacle a été créé il y a plus de sept ans à une époque où le statut, les droits et les libertés de la femme n’étaient pas un fait de société majeur. En tout cas, ce n’était pas un combat de premier plan… Certes, des luttes féministes existaient depuis des décennies et nous en parlions dans le spectacle. Mais depuis, grâce à des mouvements comme MeToo, la parole s’est libérée et un vrai débat de société s’est engagé sur la place des femmes dans notre société. Je dirais même une « remise totale en question » d’un héritage trop patriarcal. Je pense que notre spectacle a suivi et bénéficié de cette évolution quasi historique. Le succès de ce spectacle est dû également à sa valeur historique et pédagogique évidente sans le spectre du didactisme, à l’attachement au destin de ces quatre générations de femmes et à la distance parodique. Rien de « revanchard » ou de « guerre des sexes » dans ce texte-là. Et pendant ce temps Simone Veille !, sur un ton apparemment léger, donne toute sa profondeur à un combat qui est encore loin d’être gagné.

Le spectacle retrace l’histoire de la condition féminine des années cinquante à nos jours. Bien que le sujet soit sérieux, il est traité avec beaucoup d’humour…

J’ai toujours pensé que lorsque vous vouliez faire passer un message ou traiter d’un sujet de société, voire sensible, il valait mieux essayer de ne pas l’asséner mais plutôt de le « décaler », c’est la vocation même du théâtre. Soit par l’humour comme c’est le cas pour ce spectacle, soit par d’autres biais : une esthétique non réaliste, un jeu d’acteur distancié, un texte transposé, une dystopie, etc. Benno Besson disait que « On peut prendre du plaisir sans sacrifier au sens« . J’ai souvent suivi cette formule de ce grand metteur en scène. Donner à voir et à réfléchir, informer et divertir, s’amuser et apprendre. Tant par le jeu des actrices, balançant tout au long du spectacle entre la comédie de pure situation ou l’émotion dramatique détour d’un aveu d’impuissance, que par le texte sans cesse référent à cette cause.

De quel fait historique ou anecdote avez-vous pris connaissance en travaillant sur ce projet ?

Je connaissais à peu près la plupart des informations concernant l’historique du droit des femmes. Mais j’ai découvert qu’à une certaine époque, une femme surprise lors d’un constat d’adultère était passible d’une peine de prison… Et pour l’homme, une simple amende ! Je n’en revenais pas. Ou encore la suppression de l’homosexualité comme « maladie mentale » des textes de l’OMS dans les années 90…

Avec quel message souhaiteriez-vous que les spectateurs ressortent de la pièce ?

Que ces acquis ont été le résultat d’un combat commun hommes/femmes. Que l’homme et la femme sont complémentaires ; Et pendant ce temps Simone Veille !, avant d’être un spectacle féministe, est avant tout un spectacle féminin qui appelle au compagnonnage masculin.

Actuellement à la Comédie Bastille.

Par Zoé Dupey