IL NE FAIT JAMAIS NUIT
L’école Atelier Juliette Moltes: les éleves au coeur des émotions
Metteur en scène, coach, professeure de théâtre, directrice artistique : c’est avec tout son professionnalisme et son don de transmission que Juliette Moltes accompagne depuis 2011 les élèves de son école parisienne, l’Atelier Juliette Moltes. Tous les niveaux y sont représentés, avec pour projet l’éclosion d’artistes créateurs ; acteurs, auteurs, metteurs en scène et réalisateurs. Dans cette école chaleureuse à l’enseignement rigoureux, la formation professionnelle donne naissance à de superbes projets, tels que la pièce « Il ne fait jamais nuit ». Rencontre avec les comédiens de cette oeuvre poignante.
Comment en vient-on à pousser la porte de l’Atelier Juliette Moltes ?
Paul Labourgade : J’ai suivi un parcours universitaire en sciences politique et je prenais un réel plaisir lors de concours d’éloquence et de débats, j’ai alors senti cette nécessité de développement artistique. J’ai contacté Juliette qui a immédiatement su trouver les mots et la méthode pour me plonger dans le théâtre tout en me mettant en confiance.
Lou Lampros : J’avais déjà de l’expérience au cinéma et j’ai découvert Juliette en assistant à ses cours. Son énergie m’a tout de suite séduite ainsi que sa façon de travailler et sa capacité à faire ressortir le meilleur de nous-mêmes.
Emma Gagnadoux : Je cherchais une école familiale, une école où le travail et la rigueur seraient les maîtres mots et je l’ai trouvée avec celle de Juliette.
Quelles clés vous apporte son enseignement ?
P. : Elle a le don de révéler les élèves à eux-mêmes et aux autres à travers son enseignement singulier et personnalisé.
L. : Cette formation professionnelle nous met face à la réalité du métier, elle nous arme, le tout avec une grande rigueur dans le travail. Et Juliette est vraiment impliquée avec chaque élève, elle nous guide, nous pousse à nous dépasser.
E. : Il y a une réelle exigence, il faut se donner à 100%, vivre et penser théâtre pour viser l’excellence. Le rapport à la sensibilité et aux émotions est la clé : incarner un rôle, ne pas faire semblant, puiser dans nos entrailles pour rendre notre partition la plus belle et la plus crédible possible. La notion de groupe est également essentielle.
Que raconte la pièce ?
P. : C’est un groupe de 15 personnes d’une vingtaine d’années, amis, amants, frères, soeurs, qui se retrouve confronté à un événement dramatique : le suicide de l’un des leurs. Il va falloir digérer, se relever et grandir avec cette marque indélébile.
L. : Cette pièce raconte un drame très réaliste, violent.
E. : La pièce débute sur une chaleur humaine, la vie de ces jeunes, puis ce drame. Une descente aux enfers pour un groupe qui n’est pas prêt à cet âge-là à entrer dans une réalité aussi crue. Comment vont-ils réussir à vivre ce deuil ? Le concept de la résilience va être vécu par des personnalités très différentes.
Aborder ce sujet déchirant vous paraît-il nécessaire aujourd’hui ?
P. : Oui, c’est essentiel car la pièce montre cette réalité aujourd’hui en France, c’est un véritable enjeu. Ce sujet mérite d’être traité pour sensibiliser la jeunesse française de manière pertinente à travers ce groupe qui la représente. Il y a aussi cette question de l’après, comment s’en sortir, que se passe-il pour ceux qui restent ?
E. : C’est un thème auquel on n’a pas forcément envie de se confronter, mais pourtant c’est une réalité. Il faut aller chercher, se confronter à ce monde. Surtout au théâtre où le public va venir avec nous : c’est un voyage nécessaire à faire ensemble.
Que souhaitez-vous provoquer chez les spectateurs ?
L. : Je souhaite qu’ils reçoivent cette pièce comme un cadeau de par le jeu et
l’investissement des comédiens.
P. : J’aimerais que la pièce développe une réflexion, éveille les consciences sur ce sujet.
E. : Qu’ils voient comment on peut se relever de cette épreuve et que la jeunesse est symbole d’espoir. Il va falloir faire un deuil général, voir à travers un évènement tragique la beauté des autres, de l’entraide, de l’amitié, mais aussi les rencontres qui sont des piliers pour se reconstruire. Remettre un peu de chaleur sur les vraies valeurs du quotidien.
AUGUSTE THÉÂTRE, les 10,11,17,18,24,25, mai & 7-8 juin