NARCISSE, slameur et enchanteur
Narcisse revient au théâtre Trévise. Son spectacle se résume en 3 mots : poésie, musique et vidéos. « Toi tu te tais », son gimmick entêtant ne vous quittera pas une fois sortis de la salle. Et c’est tant mieux.
Toi tu te tais ! Il en faudrait plus pour ne pas évoquer le slameur Narcisse ! Ce poète n’a jamais cessé de virevolter avec les mots depuis qu’il a été Champion de France de slam en 2013 (tournoi individuel de la Ligue slam de France). C’est au Théâtre Trévise qu’il pose ses valises avec plein de surprises et de vocalises. Quoi de plus rassurant, à l’heure où le langage perd de sa substance, de voir qu’un artiste fait de la résistance. Avec une présence qui marque les esprits, il percute les neurones de sa voix de stentor, envoûtante et chaleureuse. Les sujets abordés sont parfois graves ou humoristiques et nous captivent grâce à une alchimie qui réunit les mots et la musique. Le guitariste et pianiste Robin Pagès qui l’accompagne en distillant des nappes musicales envoûtantes, accentue cette symbiose.
Une mise en scène très aboutie
Gérard Diggelmann, qui est à la mise en scène, y est pour beaucoup dans cette réussite. La force du propos est alimentée par des écrans qui distillent des images de plus en plus présentes dans notre quotiden. En appuyant là où ça fait mal, Narcisse nous renvoie à nos contradictions morales, esthétiques et politiques. Le comédien semble hanter la scène comme un bon génie susurrant à notre oreille. Ce rêve éveillé a été rendu possible grâce à une technique
irréprochable. Son ballet d’images répond à la voix et au doigt de son maître. L’artiste se fraye un chemin harmonieux là où on ne l’attend pas, parfois derrière un écran, juste en bordure de scène, à droite ou à gauche, se déplaçant toujours avec grâce et délicatesse. La salle du théâtre Trévise restitue parfaitement toute la palette sonore du spectacle, qui n’a rien à envier aux salles de concerts parisiennes.
La musicalité des mots
Narcisse chorégraphe de la langue française ? Assurément. Dans son spectacle, les mots jaillissent de sa bouche en arabesques émotionnelles ponctuées de silences bienfaiteurs. On aurait aimé que cela dure plus longtemps. L’envoûtement est présent par tant de volupté musicale, visuelle, et sonore. Son spectacle est beau tout simplement. Narcisse fait dire à son accompagnateur guitariste : « Ah non, si on laissait les poètes décider, ce serait le monde à l’envers ! » Eh bien oui, laissonsles décider! Précipitez-vous au théâtre Trévise pour voyager dans le monde en vers de Narcisse qui lutte envers et contre tout grâce à son spectacle humaniste.
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Par Marc Bélouis