PIAF, je me fous du passé. La Môme réincarnée.

Mêlant avec subtilité réalité historique et fiction théâtrale, ce spectacle musical nous replonge dans l’univers d’une chanteuse mythique et éternelle. Comédienne hors pair et créatrice de la compagnie Mascarade, Béatrice Bonnaudeau nous parle avec passion de cette aventure épique.

Racontez-nous l’histoire de ce spectacle…

Béatrice Bonnaudeau : Ce n’est ni un biopic ni un récital. Il s’agit d’ une pièce de théâtre qui entremêle réalité et fiction, et c’est là toute son originalité. Dans les années 30, nous suivons le parcours de Thérèse, une jeune femme qui ressemble à Piaf et possède une voix étrangement similaire à la sienne. Afin d’attirer les foules, un tenancier de bar malhonnête l’a fait passer pour la Môme. Marcel Cerdan meurt en 48 et nous imaginons qu’à partir de cet instant, Piaf, la vraie, n’est plus capable de chanter. Son producteur cherche alors une remplaçante et va se servir de Thérèse. C’est confondant et très savoureux pour le public…

Comment est née l’envie d’incarner cette artiste de légende ?

Quand j’ai commencé à chanter, les spectateurs étaient troublés par nos similitudes tant physiques que vocales. Ils me renvoyaient sans cesse à elle et allaient jusqu’à m’appeler Edith ! Et je me sens proche d’elle humainement, ses chansons racontent son histoire, j’ai eu très tôt l’impression de comprendre ses détresses. Je devais faire quelque chose de cette ressemblance, ça vibrait trop fort en moi. Mais comme le disait si bien Cocteau il n’y a qu’une Piaf. Jamais je ne joue son rôle, sur scène je suis Thérèse, même si j’endosse la robe du monstre sacré.

Le public a l’impression vertigineuse d’être face à Edith Piaf, comment arrive t-on à un tel résultat?

C’est le fruit d’un gigantesque travail en amont. J’ai lu énormément de livres et observé les archives de l’INA. Et bien sûr, j’ai écouté ses chansons inlassablement. C’est un travail d’appropriation qui se fait petit à petit. Il y a eu la création de la robe, du maquillage, de la perruque. Comme lorsque le clown met son nez rouge, ou le “comédien dell arte” son masque, une magie opère quand j’enfile les atours d’Edith Piaf…

« COMME LORSQUE LE CLOWN MET SON NEZ ROUGE, OU LE “COMÉDIEN DELL ARTE” SON MASQUE, UNE MAGIE OPÈRE QUAND J’ENFILE LES ATOURS D’EDITH PIAF… »

Béatrice Bonnaudeau

Quelle est votre chanson fétiche ?

Elles sont toutes incroyables mais la plus intense émotionnellement, c’est La foule. J’y tiens une véritable ligne droite, c’est comme un train lancé à toute vitesse. Cette chanson est un monde en soi, elle est très visuelle, pour moi c’est comme un tableau de Renoir

Le spectateur est littéralement propulsé dans l’ambiance des années 30 à 60…

On recrée toute une atmosphère. Dans la salle, on entend la radio des années 30 avec la voix du président René Coty, les publicités de l’époque, comme celle des pâtes Lustucru. Des vidéos viennent ponctuer les scènes avec des extraits de film en noir et blanc. C’est un voyage sonore et visuel à travers les années jusqu’à la mort de Piaf en 63.

Vous avez plus de cinquante dates derrière vous, qu’apporte l’expérience à votre spectacle ?

Après toutes ces représentations, il y a un véritable liant entre les comédiens, notre complicité artistique est extraordinaire. On aime jouer cette pièce, nous la perfectionnons, la retravaillons à l’infini. Et nous sommes riches des retours publics et de la reconnaissance de la presse. Lorsque le rideau tombe, les gens pleurent d’émotion, ces larmes n’ont rien d’accablant, elles sont énergisantes.

Avez-vous d’autres projets ?

Nous jouons un spectacle jeune public, Le fabuleux voyage de Blanche Neige à la Folie Théâtre en janvier. C’est une adaptation du conte de Grimm qui fascine les plus jeunes mais qui résonne aussi particulièrement fort chez les adultes. On y retrouve la même équipe et le même esprit de troupe que sur Piaf, je me fous du passé.

Par Marie-Lys de Cerval

STUDIO HÉBERTOT
Du 12 octobre au 4 décembre.