THE LOOP
Rencontre avec Robin Goupil
Après l’immense succès de « No limit » nominé aux Molières 2023 dans la catégorie Meilleure comédie, la nouvelle pièce écrite et mise en scène par Robin Goupil, « The Loop », s’apprête à conquérir Avignon cet été, puis Paris à la rentrée. Nous l’avons rencontré à cette occasion.
Avant tout, pouvez-vous présenter cette nouvelle pièce à nos lecteurs ?
The Loop est née de l’envie de monter une pièce sur des policiers et sur l’effet papillon, une dérive de la théorie du chaos selon laquelle un simple petit changement peut influencer une prédiction. C’est un huis clos qui se passe dans la salle d’interrogatoire d’une petite bourgade du Colorado où des policiers interrogent le fils du maire, accusé de meurtre et défendu par une avocate véreuse. C’est une comédie en trois temps avec une montée progressive et constante vers l’humour. On a trois fois les mêmes scènes, trois fois dix minutes, mais je change à chaque fois un petit élément au début ce qui fait que chaque partie devient un peu plus folle que la précédente !
Quels messages avez-vous envie de faire passer à travers cette création ?
J’ai toujours envie, dans mes comédies, de faire un constat un peu amer et cynique du monde dans lequel on vit. No Limit était une réflexion assez naïve mais bienveillante sur la guerre, le surarmement, les dangers de la technologie. The Loop parle en filigrane de rapports de force, de corruption, des gens qui ont le pouvoir et en abusent. Le but c’est de se marrer, bien sûr, à travers une sorte de parodie de série policière, mais avec des enjeux forts et quelques tacles que je fais passer sous couvert de comédie.
La comédie semble être votre genre de prédilection. Qu’est-ce qui vous y a amené ?
J’ai deux grands frères qui m’ont un peu éduqué au niveau des références avec Les Visiteurs, les sketchs des Inconnus, les Nuls… Puis, en 2002, mon cousin qui était ma référence en termes d’humour m’a fait découvrir le film Zoolander avec Ben Stiller et Owen Wilson. Et là j’ai eu un premier déclic. Le film a très mal vieilli mais il est une de mes références. L’autre déclic a eu lieu quand j’étais élève comédien à la Comédie Française. À l’occasion d’une carte blanche, j’ai joué un seul en scène dans lequel je faisais une rétrospective de mon année passée là-bas, en imitant tout le monde. C’était un peu irrévérencieux et en même temps plein d’amour, et quand j’ai vu que ça faisait marrer tout le monde, je me suis dit que j’avais peut-être quelque chose à faire dans la comédie.
Et envisagez-vous de vous frotter à d’autres genres ?
Non, pas du tout. J’ai trouvé mon univers, il semble plaire pour l’instant, j’ai envie d’insister là-dedans. Et je trouve qu’il n’y a rien de plus passionnant que la machinerie d’une comédie, c’est sans fin. No Limit est un spectacle qu’on a joué plus de 200 fois et qui a été en mouvement perpétuel. Je refuse de croire qu’une œuvre, quand elle nous appartient, puisse être figée. Il faut toujours douter, se remettre en question, essayer de faire mieux. Le pire pour moi serait de me dire qu’on a un spectacle qui est dans les chaussons.
Auteur, comédien, metteur en scène : laquelle de ces casquettes vous met le plus au défi ?
C’est écrire qui est pour moi le plus difficile, le plus exigeant. C’est la matière première d’un spectacle. On peut être le meilleur metteur en scène du monde, si le texte est mauvais ça ne fonctionnera pas.
À propos d’écriture, vous avez une anecdote à nous raconter ?
J’étais en résidence à Amiens pour un projet dans lequel j’étais comédien et j’étais occupé d’écrire une pièce que j’espère produire un jour. Un jour, je me réveille au milieu de la nuit avec un flash, je crois avoir une réplique incroyable. J’ouvre l’ordinateur, les yeux à moitié fermés j’écris la réplique et je me rendors. Le lendemain, je me réveille, je pars répéter, et dans la journée me revient que je me suis réveillé dans la nuit avec une réplique ultime, la plus drôle jamais écrite, j’en étais persuadé, mais elle ne me revient pas. J’y pense toute la journée et, en rentrant, je me précipite sur mon ordinateur et je découvre la phrase :
« Bon écoutez, vous nous avez quand même fait venir à 10h du matin, on a le droit de savoir ! » (rires)
Comment apréhendez-vous la rencontre du public avec The Loop ?
Avec No Limit il n’y avait évidemment aucune attente, personne ne savait qui on était, je n’avais aucune idée du succès la pièce allait rencontrer. Une deuxième c’est toujours compliqué parce qu’il faut confirmer un potentiel. Mon premier souci c’est que ça me plaise, que ce soit à la hauteur de ce que j’avais imaginé. Mais mon souci principal est que ça plaise aux spectateurs car c’est un spectacle que j’ai écrit pour eux, et qui va se faire avec leur complicité. J’espère qu’ils apprécieront The Loop avec la même gourmandise que j’ai eue à l’écrire et que ce sera un petit bonbon délicieux pour chaque spectateur.
Au Théâtre des Béliers Avignon, du 29 juin au 21 juillet
Au Théâtre des Béliers Parisiens, à partir du 23 août
Par Mélina Hoffmann