Théâtre La Bruyère : La vie rêvée d’Helen Cox et Signé Dumas

Une rentrée théâtrale des plus éclectiques au théâtre La Bruyère.

Pour la rentrée 2018, le théâtre La Bruyère nous propose deux spectacles très différents et singuliers. Il présentera une toute nouvelle création, « La vie rêvée d’Helen Cox », et la reprise d’un spectacle aux nombreuses nominations aux Molières produit il y a 15 ans au Théâtre Marigny, « Signé Dumas ». Entre histoires d’amour et duel de plumes, des univers distincts mais qui visent tous deux très juste.

Par Lola Boudreaux

Signé dumas

Une pièce de Cyril GELY et Eric ROUQUETTE, mise en scène par Tristan PETITGIRARD, avec Davy SARDOU, Xavier LEMAIRE et Thomas SAGOLS

Cette pièce s’attaque au grand mythe d’alexandre dumas, et plus particulièrement à la querelle qu’il a eu avec son fidèle collaborateur Auguste Maquet, chacun revendiquant la paternité de romans devenus aujourd’hui de véritables classiques de la littérature française, comme Les Trois Mousquetaires, La Reine Margot, Le Comte de Monte-Cristo… En mettant en scène ces faits historiques quelque peu méconnus, la pièce interroge plus généralement sur la notion du droit d’auteur, le besoin de reconnaissance, la frustration et le désir d’ascension sociale. C’est avec beaucoup de plaisir que le spectateur est plongé visuellement et musicalement au cœur du XiXe siècle, grâce à des costumes et à une musique qui invitent à un voyage dans le temps. La mise en scène est formidablement portée par les trois comédiens, qui reprennent un texte qui a la force d’un classique. Un spectacle à voir pour tous les amoureux de Dumas et surtout des beaux textes, avec un toile de fond la chute de l’empire et l’avènement de la république.

La vie rêvée d’Helen cox

Une pièce d’Antoine Rault, mise en scène par Christophe Lidon, avec Christelle Reboul et Jean-Pierre Michaël

C’est entre le fantasme et la réalité que nous plonge La vie rêvée d’Helen Cox. À mesure que le spectacle nous enfonce dans la (dé)construction d’un couple de quarantenaires, il questionne la vie à deux, les ressorts de l’amour, l’acceptation de l’autre… à travers les rêves et les fantasmes de la protagoniste. Tour à tour, les scènes s’enchaînent, pour opposer la vie sur terre à des divagations fantasmagoriques. Face à ses soubresauts continus entre l’imagination et la réalité, Christelle Reboul et Jean-pierre Michaël, que l’on prend beaucoup de plaisir à retrouver sur scène, adaptent leur style de jeu avec beaucoup de talent. Un peu comme s’il s’agissait d’un kaléidoscope théâtral, plein de surprises pour le spectateur. Une expérience originale… et jubilatoire !

Christelle Reboul, en vrai ou en rêve ?

« La première fois que j’ai lu la Vie rêvée d’Helen Cox, j’ai pleuré… Tant tout y est à nu, tant la quête d’Helen est vraie, sans relâche… une quête d’amour. On est si proche d’elle. On entre même en elle, puisqu’Antoine Rault raconte ses fantasmes, son Idéal, source de son immense souffrance. Ce sont ses aller-retours, ou même ses confusions entre la réalité et le rêve qui sont éminemment bouleversants. Helen est en contradiction permanente, incapable d’accepter l’amour avec toute sa part d’inconnu, sans cesse rattrapée par ses idéaux. Elle ne peut alors que comparer l’homme réel avec celui de ses fantasmes et en mesurer les atroces différences. Il lui faudra toute une vie pour aimer l’autre tel qu’il est tout simplement. L’autre qui n’est pas soi, ou le rêve qu’on s’en fait. C’est peut-être là le message de cette pièce. » « Helen aime rêver l’homme qu’elle aime. Elle se plaît à imaginer que Paul, le dentiste qu’elle épouse, est un acteur Hollywoodien reconnu dans le monde entier, et qu’elle-même n’est plus une simple vendeuse de lingerie mais une créatrice de mode digne de Chantale Thomas. Dans son rêve, tous sont célèbres. Et c’est ce qui alimente son désir dans la réalité. Elle est excitée non pas par son mari tel qu’il est, mais par le rêve qu’elle s’en fait. Et aussi par le rêve qu’elle se fait d’elle-même. »