TRINIDAD

« Pour que tu T’aimes encore »

Après le succès de « Et pendant ce temps Simone veille », Trinidad convoque les femmes qui l’ont aidée à se construire (de Barbara à Françoise Dorléac, en passant par sa mère…) dans un seul en scène drôle et enthousiasmant. Rencontre joyeuse !

Comment s’est opérée votre rencontre avec la scène ? 

C’est par l’intermédiaire d’un club de théâtre animé par une professeure de français que j’ai découvert la scène. Plus tard, c’est en accompagnant un camarade de terminale à son audition que je finis par intégrer le Conservatoire de Mireille. À 18 ans, j’enchaînais les cabarets et les cafés théâtre. Plus tard, j’ai réalisé que je souhaitais placer la transmission au cœur de mon travail. Les pièces La conversion de la cigogne et Et pendant ce temps, Simone veille sont notamment le fruit de cette envie de partage.

Comment est née Pour que tu T’aimes encore ?

 Après l’affaire metoo, j’ai travaillé aux côtés de Brigitte Lahaie. À travers cette rencontre éclairante et des interventions auprès de jeunes dans des écoles, j’ai été frappée par une forme de crainte de la sexualité, trop souvent réduite aux termes “danger” et “performance”. Nourrie de ces expériences, j’ai voulu monter un spectacle qui rassemble les notions de transmission entre les femmes, de modèles qui nous construisent, et de puissance des femmes s’arrachant au statut de victime.

Comment décririez-vous cette pièce ? 

Comme un voyage qui remet l’amour – de soi, et physique – au centre. J’ai imaginé mon personnage comme un porte étendard de la confiance et de l’audace des femmes, car oui, nous avons le droit au meilleur ! Sont ainsi évoqués le rapport à la mère, les figures féminines qui ont participé à ma construction, mais aussi les hommes, qui, s’ils sont capables d’abjection, peuvent aussi faire beaucoup pour les femmes. Le tout, avec beaucoup de facéties !

« L’HUMOUR EST UN MOYEN NÉCESSAIRE POUR ABORDER LES SUJETS IMPORTANTS ET PARFOIS DÉLICATS »

L’humour est important pour vous ? 

Il est capital. Il s’agit à mon sens d’un moyen nécessaire pour aborder les sujets importants et parfois délicats. 

Comment avez-vous travaillé la mise en scène ? 

La mise en scène est très épurée. Elle s’articule autour d’un important dispositif vidéo : c’est lui qui permet d’accompagner les pérégrinations de ma pensée. J’ai donc vu grand, dans l’espoir de faire rêver les gens. Quels autres projets vous animent aujourd’hui ? Depuis le premier confinement, je pressens que l’écriture va devenir prépondérante dans ma vie. J’aimerais notamment écrire sur le couple et l’adultère, mais aussi la notion de valeur, en écho à notre société du faux “pas cher”… J’ai par ailleurs pour projet de monter un spectacle sur les hommes. Terminons par un portrait chinois. Vous décrivez votre spectacle comme un voyage : si vous étiez un voyage, lequel seriez-vous ? Sans hésiter, un voyage inattendu !

Par Sophie Geneste.

Au théâtre du Funambule.