Yanik VABRE et Didier CARON

Yanik Vabre et Didier Caron sont à l’affiche du Funambule Montmartre cet été avec respectivement « Ceci n’est pas une comédie romantique » et « Un cadeau particulier ». Rencontre avec deux auteurs de talent.

Comment êtes-vous arrivés au théâtre ?

Yanik Vabre : En métro (rire) ! Je me destinais au départ aux maths, mais c’est en travaillant comme animateur dans des villages vacances que j’ai pris goût à la scène. J’ai donc commencé avec le FIEALD (Festival International d’Expression Artistique Libre et Désordonnée, ndlr) au Théâtre Trévise avant de me tourner vers le one man show, puis d’écrire pour la télévision. 

Didier Caron : Le théâtre a aussi été une surprise pour moi : avant d’y arriver, j’ai travaillé dans une banque et fait du football à haut niveau. Je pense en revanche qu’il y avait une facilité pour l’humour et les mots. Quand j’étais enfant, j’écrivais des histoires et je voulais être “dialoguiste” sans savoir ce que ça voulait dire, simplement car j’aimais les mots ! 

Racontez-nous la genèse de chacune de vos pièces.  

D : La pièce est née comme d’autres projets : j’ai lancé une phrase qui a fait rire, et j’ai tâché d’en faire une pièce ! Dans ce cas j’ai déstructuré la narration en commençant par un préambule qui nous met en haleine, des apartés, etc. En bref, une écriture non linéaire. 

Y : Il faut savoir que j’ai un côté fleur bleue et que j’adore les comédies romantiques ! J’avais très envie d’aborder l’amitié homme femme, et j’ai écrit cette pièce pour ma femme et moi. Pour ce premier projet j’ai souhaité un spectacle qui soit une véritable tranche de vie, et non un boulevard. Cela donne d’ailleurs un aspect cinématographique à la pièce.

Quel accueil du public ? 

Y : Les retours sont bons, notamment parce qu’il s’agit de théâtre sans en être : les spectateurs disent avoir l’impression de regarder par le trou d’une serrure ! 

D : Au départ, on se demandait comment les gens allaient réagir en découvrant le cadeau sur scène… heureusement ils rient beaucoup ! J’ai par ailleurs travaillé l’écriture pour ne pas saturer la pièce de blagues, ce qui plaît aux spectateurs. 

Quelle est la recette d’une bonne comédie romantique ? 

D : La sincérité est clé, il ne faut pas essayer de tordre le bras à une situation pour faire un bon mot : la situation doit commander les phrases et pas l’inverse.

Y : C’est toute une alchimie, et cela commence par la crédibilité des personnages. Les anglais maîtrisent d’ailleurs les codes du genre à la perfection… Je pense à des comédies comme Yesterday ou Love Actually qui sont diablement efficaces. 

Vous articulez tous les deux plusieurs rôles : auteur, acteur, metteur en scène…

Y : En effet, mais j’écris plus que je ne joue, car je me lasse un peu vite des projets, j’aime l’adrénaline de la création ! 

D : Si j’aime le jeu, c’est aussi la casquette d’auteur qui me plaît le plus. J’aime entendre les répliques qui fonctionnent ou pas, réécrire les textes et les faire vivre. 

Pas de regret pour vos anciennes vies donc ? 

Y : Aucun ! Je suis à ma place. 

D : Pas de regret pour la banque ni pour le foot ! Raconter des histoires est mon véritable moteur dans la vie.

Que préparez-vous pour la suite ? 

Y : J’ai écrit Pour vivre heureux, vivons couchés, qui met en scène un couple de quadragénaires un peu usé par la routine. J’ai également d’autres pièces en lecture ainsi que des projets de longs métrages et d’écriture pour des séries TV. 

D : Une de mes nouvelles pièces Zola l’infréquentable sera à Avignon cet été puis au théâtre de la Contrescarpe en octobre. Cette pièce historique retrace les échanges entre Zola et Léon Daudet (fils d’Alphonse Daudet, ndlr) qui était antisémite, au moment de la dégradation de Dreyfus. L’effort de recherche et le travail de la langue pour ce projet m’ont passionné. Une nouvelle comédie Un conseil d’ami sera quant à elle en tournée dès septembre.

Yanick, si vous étiez un cadeau lequel seriez-vous; Didier, si vous étiez une comédie, laquelle seriez-vous ? 

D : Si j’étais une comédie je serais Un air de famille d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Je la trouve intelligente, brillamment écrite, savoureuse, en un mot parfaite ! 

Y : Oh je n’en serais pas un, de cadeau (rire) !

Par Sophie Geneste

LE FUNAMBULE MONTMARTRE