AU MOULIN ROUGE

Les coulisses de l’exploit

© Chris Barmat

Ils excellent dans leur rôle particulier dans ce temple mythique de Paris. Ils ne sont pas sur scène, mais c’est grâce à eux que la magie opère chaque soir : Régisseur général, régisseur du son, chef machiniste, responsable de l’atelier couture, directeur technique et chef électricien. Ils nous parlent de leurs parcours, de leurs métiers et de cette commune passion qui les attache au Moulin Rouge.

Olivier Lepelletier-Leeds : Régisseur général

« J’ai débuté ma carrière en tant que figurant et stagiaire ; j’ai pu évoluer et devenir régisseur général. J’ai travaillé en régie à l’Opéra de Paris et au Théâtre des Champs Elysées. Je suis devenu assistant de metteur en scène d’opéras, ce qui m’a amené à travailler dans plusieurs maisons d’opéra en France et à l’étranger.
J’ai postulé en 2000 au Moulin Rouge car à chaque fois que je passais par ici, le fameux Moulin et sa façade m’intriguaient beaucoup. Je suis resté adjoint pendant plus d’un an pour être formé. Par la suite, je suis devenu régisseur général. C’est un post très polyvalent qui nécessite 14/15 mois de formation, notamment pour apprendre à travailler en cohésion avec plusieurs équipes.
Je suis chargé de lancer le show. Je fais donc les annonces en coulisses pour les artistes, je préviens les équipes du son et de la lumière. Je m’occupe également du changement de décor : il y en a une dizaine par spectacle. Je suis comme le capitaine du bateau, je m’occupe de gérer les soucis que chacun peut rencontrer.
Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est que le même spectacle depuis tant d’années est différent tous les soirs. C’est un spectacle vivant avec des réactions spontanées. Ce que je préfère, c’est le côté humain. J’aime voir la réaction du public et voir le bonheur qu’on lui procure grâce à la magie du spectacle. »

Bruno Ravary : Régisseur du son

« Après avoir intégré un Centre de Formation des Techniciens du Spectacle, j’ai rencontré le chef électricien du Moulin Rouge qui m’a proposé de venir travailler en tant qu’intermittent en 1995. Quelque temps après, j’ai pris la relève du régisseur à son départ à la retraite.
Mon rôle est de veiller à ce que le son du spectacle soit toujours parfait, et c’est ce que j’aime. Je gère la sono, le son et les retours vidéo.
C’est un vrai challenge de travailler au Moulin Rouge. Il faut savoir cerner comment fonctionne la salle, le spectacle, les répétitions… C’est du non-stop. Il y a une pression permanente parce qu’il y a deux spectacles par soir. L’univers du « son » bouge beaucoup et il faut toujours être à jour. Surtout au Moulin Rouge, où nous avons l’opportunité d’avoir accès aux meilleurs matériels.
Il y a une très bonne ambiance parce qu’on se connaît tous très bien. Le soir, c’est très sympa de venir travailler. Même si on a beaucoup de responsabilités, on travaille sans vraiment venir au travail, c’est un plaisir. Cela fait 23 ans que le spectacle est sur scène, mais on ne s’en lasse pas ! »

Ludovic Delalande : Chef machiniste

« Depuis mon enfance, j’ai toujours été attiré par l’expression artistique. Dès que j’avais de l’argent de poche, j’allais acheter du matériel pour aller faire des rideaux, des marionnettes, des rideaux de scène, des films avec la caméra de mon père, J’ai rapidement compris que c’était pour moi un moyen d’expression, un refuge et un bonheur. J’ai toujours eu une fascination pour les trucages et donc ce qu’on appelle la machinerie. J’ai donc compris que cela serait la suite de ma carrière.
Très naturellement, le Moulin Rouge était quelque chose qui m’attirait. On m’y a proposé un poste de brigadier. La richesse de ce poste est d’avoir la possibilité de faire de la régie de scène ; cela correspondait avec mon parcours artistique. J’ai été brigadier, puis sous-chef pendant plusieurs années et depuis l’année dernière, je suis chef de la machinerie.
J’interviens le soir et la journée. Le soir, j’opère une sorte de surveillance afin que tout se déroule bien. Les journées, nous pouvons avoir des répétitions avec les artistes ou des réparations qui peuvent parfois nous demander d’être mobilisé quasiment toute la nuit afin que le plateau soit prêt le lendemain.
Ce que j’aime particulièrement dans ce métier, en dehors de mes responsabilités, c’est tout simplement le bonheur que cela me procure. La joie de savoir que c’est toujours un nouveau public qui va ressortir avec des étoiles dans les yeux. »

Patricia Berthe : Responsable de l’atelier couture

« Après mon Brevet de Technicien en Création et Mesures au lycée La Martinière de Lyon, j’ai découvert l’univers du spectacle à l’opéra de Lyon. C’est ce qui m’a conduite à chercher un poste dans les ateliers de costumes. J’ai postulé au Moulin Rouge, où j’ai commencé à travailler en février 1984.
J’ai entamé ma carrière en tant que couturière, puis en 2007 j’ai accepté la responsabilité de l’atelier de couture que je partage avec Sonia.
J’aime l’univers du spectacle, le contact avec les couturières, al recherche et la commande des matières, tissus, perles, paillettes, tout ce qu’il faut pour entretenir les costumes, pour faire durer la magie du spectacle. J’aime partager et transmettre mes compétences. »

Sonia Leray : Responsable de l’atelier couture

« J’ai passé le concours du Diplôme des Techniciens des Métiers du Spectacle, puis j’ai continué avec le Diplôme des Métiers d’Arts, réalisateur de costumes. Ces années m’ont amenée à découvrir l’univers du spectacle et son atmosphère. J’ai postulé au Moulin Rouge avec une amie, j’ai été recrutée en 2003.
Aujourd’hui, je travaille en collaboration avec Patricia dans l’atelier couture.
Ce qui me plaît au Moulin, c’est la diversité des tâches et la polyvalence qui est demandée. Chaque journée se déroule différemment. J’aime les contacts avec les gens et les intermittents. Nous sommes dans un lieu de réalisation et d’échange dans ce milieu qui reste un endroit magique. »

Éric Legrand : Directeur technique et chef électricien

« J’ai eu la grande opportunité de vivre dans la même rue qu’une dame qui était très connue de Monsieur Clerico, le président du Moulin Rouge. Elle m’a fait part de leur recherche d’électriciens, j’ai donc pu proposer ma candidature. Je suis entré en tant que simple électricien de plateau en 1988, lors de l’ancienne revue « Formidable« . Depuis, j’ai gravi les échelons pour finir directeur technique. Au Moulin Rouge, j’ai deux casquettes. Je suis directeur technique : je dois m’assurer que tout le spectacle se passe bien. S’il y a un problème de décor, de lumière ou de piste, j’interviens immédiatement et je dois trouver la parade. Je suis également le chef électricien ; je gère avec mon équipe tout l’électricité du Moulin Rouge.
J’aime particulièrement l’adrénaline que me procure ce métier. Impossible d’interrompre un spectacle vivant ! Nous n’avons pas une journée, ou une heure pour faire un dépannage, mais deux secondes ! C’est ça que j’aime, le challenge. C’est un métier où l’on doit sans cesse prouver ce qu’on sait faire. »

Le Moulin Rouge

Par Sabine Komsta