UNE BONNE BIÈRE

L’humour noir s’invite au Funambule

© Frédérique Toulet

« Une bonne bière » nous plonge au coeur d’une fratrie réunie pour l’organisation des obsèques de leur père. Cette comédie menée tambour battant navigue avec justesse entre les émotions propres à ces évènements : entre complicité, emportements, joie et confessions. Nous avons rencontré pour l’occasion Xavier Martel (auteur et comédien) et Gilles Dyrek (metteur en scène).

Comment s’est opérée votre rencontre avec le théâtre ?

Xavier Martel : Ma rencontre avec le théâtre s’est opérée au lycée grâce à un professeur de français, Mr Dejean, qui m’a fait découvrir l’art dramatique et a su faire naître cette passion en moi. J’ai finalement atterri à la rue Blanche à 20 ans, où j’ai rencontré Gilles avec qui je me suis lié d’amitié. Nous ne nous sommes plus quittés depuis ; à ce jour j’ai joué dans 4 pièces de Gilles, et nous travaillons sur de nombreux projets.

Gilles Dyrek : J’ai quant à moi fait du théâtre dès le collège. J’accompagnais depuis l’enfance mon père comédien sur ses tournages et trouvais cette vie enthousiasmante… Le théâtre s’est donc imposé comme une perspective assez naturelle. J’ai ensuite passé le concours de l’ENSATT, où j’ai rencontré Xavier.

Comment est né le projet Une bonne bière ?

XM : Tout comme pour La Petite graine qui traitait de la naissance, cette écriture est inspirée d’une expérience personnelle. Les héritages charrient beaucoup de gestes dérisoires, petits et à la fois ruchants, ils disent beaucoup des dynamiques au sein des fratries que l’on voit se déchirer pour mieux se retrouver. J’ai trouvé ce moment emblématique de la vie particulièrement intéressant ! Une première version de la pièce a donc été montée en 2017, et j’ai proposé à Gilles de reprendre la mise en scène pour cette programmation au Funambule Montmartre.

GD : En tant qu’ami de Xavier, j’avais déjà lu et vu la pièce. Comme souvent avec Xavier, l’humour, le ton, ce qu’il a observé et restitué me plaisent ! Avec Une bonne bière je trouve la tonalité noire de son écriture hilarante : une fratrie fait des choix dans l’urgence à la suite du décès de leur père… C’est une situation qui est parlante pour beaucoup d’entre nous, et cela constitue une des forces de ce spectacle.

Comment avez-vous abordé ce nouveau travail de mise en scène ?

GD : Mon premier souci est de ne pas dénaturer le travail fait jusqu’ici et retrouver le plaisir éprouvé aux débuts du spectacle. Il s’agit donc d’étoffer les intentions de jeu, trouver les éléments qui amusent les comédiens (Florent Aumaitre, Julien Héteau, Marie Le Cas, Jérémy Malaveau, Xavier Martel, Manon Rony) – qui sont d’ailleurs très faciles à faire travailler. Ce casting est tout à fait excellent… Je me considère finalement comme un spectateur privilégié qui peut donner ses impressions, avec le luxe d’avoir l’auteur à disposition pour clarifier les intentions premières. En somme, je passe des journées de travail rêvées !

XM : J’ai une confiance absolue dans l’animal (rires) ! Gilles apporte beaucoup de précision à la pièce, notamment sur le pourquoi des actions. Il a également cet humour très vif et un sens du rythme épatant : il peut proposer une relance plus efficace ou une coupure qui redonne du rythme. Grâce à lui, on retrouve également un cadre précieux… Il est le garant du ton, du style et de la situation.

Quels autres projets vous animent ?

GD : Nous nous retrouverons tous les deux autour de Gagnant Gagnant, une parodie d’une convention d’entreprise dont Xavier est à l’origine : nous sommes cinq sur scène, à jouer une variété de personnages. C’est un projet délirant qui devrait voir le jour après deux autres spectacles en cours : Le retour de Richard III par le train de 9h24, nommé au Molière de la comédie, et Je m’appelle Georges qui sera créée à Avignon en juillet 2024 dans une mise en scène d’Eric Bu.

XM : Au-delà de Gagnant Gagnant, je joue en ce moment Radicale à l’Essaïon, un petit bijou de David Friszman. Je joue également dans Le Cid au Ranelagh, mis en scène par Jean-Philippe Daguerre. J’ai aussi joué dans Porn for the blind de Victorien Robert qui a été un joli succès à Avignon… on attend donc la suite avec impatience !

Nous terminons avec un portrait chinois- Si vous étiez une boisson – à défaut d’une bière – vous seriez quoi ?

GD : Un jus d’abricot, sans hésiter.

XM : Un vin nature, sans soufre ajouté !

À partir du 19 octobre, au Théâtre du Funambule

Par Sophie Geneste