Olivier Giraud

Le pari fou d’un seul en scène en anglais

Avec « How to become Parisian in one hour”, Olivier Giraud renverse les codes du théâtre, et ça marche ! Un spectacle tout en anglais à Paris ? Rien ne présageait de son immense succès qui l’a  pourtant mené à l’Olympia l’an dernier. Depuis presque huit ans, plus d’un demi million de spectateurs sont allés voir le Bordelais écorcher légèrement l’image des Parisiens, mais pas que…

Théâtre des Nouveautés

Comment devient-on Parisien, en quelques mots ?

Il faut être impatient, arrogant, bougon.

Racontez-moi l’histoire improbable de la création de votre spectacle.

J’ai vécu cinq ans aux États-Unis. J’ai vu des grosses différences culturelles entre les Américains et les Français, et surtout les Parisiens. À mon retour en France, j’ai écrit un spectacle pour aider les gens à comprendre le Parisien. Au début, c’était très dur parce que, un spectacle en anglais, personne ne trouvait ça intelligent. Tous les directeurs de théâtre m’ont dit : « Vous êtes complètement fou ! Il faut vraiment écrire quelque chose en français. » Après, un théâtre m’a accepté donc j’ai pu débuter et j’ai créé ma boîte de production.

Est-ce qu’il y a besoin d’être bilingue en anglais ?

Pas du tout, c’est un niveau basique. Si on a fait quelques années d’anglais à l’école, on comprend très facilement. Les gens sortent de la salle en disant : « C’est fou, je suis bilingue, je comprends tout ! » C’est cool, et puis j’ai un gros accent français… Que je ne force pas !

À qui s’adresse votre spectacle ?

Le public est cosmopolite : Français, expatriés et touristes se mélangent pour rire du Parisien. À ma grande surprise, les Parisiens sont très nombreux à venir voir leur vie mise en scène au théâtre. Comme quoi, le Parisien sait faire preuve d’autodérision !

Qu’est-ce qui vous agace en premier lieu chez les Parisiens ?

Il est très difficile de communiquer avec les Parisiens. Il m’est arrivé de me perdre a Paris, j’ai osé demander mon chemin à un Parisien, il m’a répondu : non, merci ! Quand je vais à l’étranger, les gens aident sans problème.

Et qu’est-ce qui vous plaît chez eux ?

J’aime beaucoup la franchise du Parisien, s’il ne vous aime pas, vous n’aurez jamais de problème à vous en apercevoir. Le Parisien me fait rire, j’aime son côté nonchalant, son aptitude à rendre tout négatif (« Il fait beau aujourd’hui ! Oui mais demain il pleut »).

Et les Américains ?

C’était complètement l’opposé, les gens étaient ébahis de tout. Ils n’ont qu’une semaine de vacances, mais c’est pas grave, c’est formidable ! Les gens sont à fond dans leur boulot. En France, on essaie de calculer quand est-ce qu’on sera en vacances. Aux États-Unis, dès qu’il y a un jour de repos, c’est « non non c’est pas possible, il faut qu’on travaille. » Incroyable ! Et les gens ne sont jamais négatifs, tout est génial. Ce qui m’énervait profondément !

Comment évolue votre spectacle après presque huit ans de représentations ?

J’improvise énormément durant le spectacle, et quand ça marche, je l’inclus dans le spectacle. Je rajoute souvent des blagues sur l’actualité et dès que les gens rigolent moins parce que ce n’est plus dans l’actualité, je l’enlève. J’évolue moi aussi énormément parce qu’à la base je n’étais pas du tout comédien. Je travaille beaucoup sur les mimiques. Et je prends toujours autant de plaisir après huit ans.

Qu’est-ce qui a le plus de sens : jouer votre spectacle à Paris ou à l’étranger ?

Je préfère jouer mon spectacle à Paris car les spectateurs connaissent la capitale et ses habitants. Lorsque je joue mon spectacle à l’étranger, les spectateurs ne saisissent pas toutes les subtilités car il faut connaître un minimum Paris et les Parisiens pour profiter pleinement du spectacle. Il y a vraiment une ambiance de folie à Paris que je ne retrouve pas à l’étranger.

Un mot pour décrire les publics dans chaque pays où vous avez joué ?

J’ai joué une vingtaine de fois à Londres, il y avait dans le public de nombreux expatriés français vivant à South Kensington. L’ambiance était très bourgeoise, les gens applaudissaient beaucoup mais rigolaient moins qu’à Paris. En Belgique et au Luxembourg, le public était très chaleureux et ouvert.

Quels sont vos projets ?

J’espère encore jouer ce spectacle de nombreuses années, je prends un plaisir fou à jouer ce spectacle dans le magnifique Théâtre des Nouveautés.

Quel est votre rêve le plus fou ?

Je n’ai pas de rêve car je le vis aujourd’hui. J’ai un travail fantastique, le public est au rendez vous depuis près d’une décennie… Que rêver de plus ?

 

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