Thomas Le Douarec

© Anthony Magnier

 

À quelques jours du Festival OFF, nous avons rencontré Thomas le Douarec, comédien, metteur en scène, et également co-directeur du théâtre des Lucioles, à Avignon.

 

Comment allez-vous à quelques jours du début du festival ?

C’est la période la plus dense et excitante de l’année depuis plus de 30 ans, puisque j’ai fait mon premier festival en 1991 ! Il y a toujours mille angoisses qui se rencontrent au même moment, des urgences à gérer…

Ça demande du temps, de l’énergie, toujours au moment où on en a le moins ! Mais ce festival est unique au monde et je le retrouve chaque année avec bonheur. Je suis en revanche un peu triste de voir qu’il se raccourcit d’année en année, même si je suis ravi que Tiago Rodrigues ait permis pour la première fois d’aligner les dates du In et du OFF.

 

Vous avez près d’une centaine de productions à votre actif, dans des styles très variés !

On m’a souvent reproché d’être très éclectique, de m’éparpiller. Mais je n’ai jamais eu envie de reproduire la même recette après un succès. J’aime explorer des endroits que je ne connaissais pas, devoir m’adapter à des choses que je ne maîtrise pas forcément au départ, m’essayer à de nouveaux genres.

J’adore le théâtre classique, j’ai mis en scène Racine, Corneille, Molière, Dostoïevksi, Oscar Wilde… mais aussi des auteurs contemporains, de la danse, du cirque, de la musique. J’aime bien toucher à tout, et surtout ce que j’aime avant tout et qui me porte dans mon métier c’est raconter des histoires et faire vivre de belles émotions au spectateur.

Et je crois que tous les moyens techniques et artistiques sont bons pour ça. D’autant que certains sont parfois plus faciles que d’autres pour raconter certaines histoires.

 

© Attilio Marasco

On vous retrouvera sur scène, à l’Atelier Florentin, dans « Ce qui reste d’un amour » aux côtés de Caroline Devismes.
Pouvez-nous nous en dire quelques mots ?

Carlotta Clerici, qui a signé le texte et la mise en scène de la pièce, et moi travaillons ensemble depuis longtemps. Nous avions écrit un scénario pour le cinéma, adapté d’une pièce qu’elle avait écrite et que j’avais adorée, L’envol.

Après nous avoir vu sur scène, Caroline et moi, elle a voulu nous offrir ce texte pour que nous incarnions les personnages d’Hugo et Alice. Ça ressemble beaucoup à une comédie romantique, mais c’est plus complexe que ça.

Carlotta dissèque le rapport amoureux entre les hommes et les femmes, essaye de comprendre ce qu’est l’amour et ce qu’il en reste quand l’histoire est terminée. Et je trouve qu’elle fait cela avec un talent et une plume extraordinaires.

Je suis heureux de produire cette pièce avec ma compagnie et de la jouer dans une petite salle que j’aime beaucoup, à l’Atelier Florentin. C’est un petit écrin qui va, à mon avis, sublimer la pièce, et permettre de créer un rapport très intime avec les spectateurs.

 

« CARLOTTA DISSÈQUE LE RAPPORT AMOUREUX ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES, ESSAYE DE COMPRENDRE CE QU’EST L’AMOUR ET CE QU’IL EN RESTE QUAND L’HISTOIRE EST TERMINÉE »

 

Votre adaptation et mise en scène du Portrait de Dorian Gray fêtera sa 10ème année et son 6ème festival d’Avignon au théâtre des Lucioles.
Comment expliquez-vous ce succès ?

©Laure Degroote

C’est avant tout le roman qui est magique ! C’est l’unique roman d’Oscar Wilde, et c’est un chef d’œuvre qui fascine et fascinera probablement encore longtemps. Et je trouve qu’il résonne encore plus qu’au moment où il l’a écrit car ce désir de vie et de jeunesse éternelle est encore plus palpable dans notre société et concerne aujourd’hui tout le monde.

 

Il y a des gens qui consacrent toute leur fortune et leur énergie à être jeune et beau ! Mais cette œuvre parle aussi d’art, du rapport entre l’art et la morale. Et puis elle très drôle. Il y a peu d’œuvres qui ont, comme celle-là, une dimension à la fois philosophique, comique et fantastique.

Je ne me lasserai jamais de la jouer !

 

Quels retours du public vous touchent le plus ?

Dans tous mes spectacles, j’ai pour habitude d’aller saluer et rencontrer le public après la représentation. Et je suis touché de voir les gens émerveillés, émus, bouleversés par cette histoire fabuleuse et complètement accessible.

Les ados s’y retrouvent d’ailleurs beaucoup car elle fait écho à la quête de sa sexualité, de son identité dans le regard des autres. Ce sont des thématiques qui les troublent et les questionnent particulière- ment dans cette période de leur vie.

 

Avez-vous un coup de cœur dans votre programmation au théâtre des Lucioles ?

J’aime évidemment tous mes spectacles, mais c’est vrai que j’ai adoré Les secrets de la méduse qui s’est joué cette année au théâtre du Ranelagh. C’est un seul en scène avec Geoffrey Callenes qui est incroyable.

C’est l’un de mes coups de cœur d’Avignon et je suis heureux de l’accueillir pour la 2ème année.

 

Que peut-on vous souhaiter ?

Que le public soit au rendez-vous, car c’est une crainte que j’ai toujours.

À Avignon comme à Paris d’ailleurs, puisque Ce qui reste d’un amour sera au Studio Hébertot à partir du 26 octobre.

Le portrait de Dorian Gray continuera quant à lui au théâtre du Ranelagh à partir du 18 octobre.

 

« CE QUI RESTE D’UN AMOUR » ATELIER FLORENTIN. Du 5 au 26 juillet.

« LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY » THÉÂTRE DES LUCIOLES. Du 5 au 26 juillet.

Par Mélina Hoffmann