VOYAGE AVEC UN ÂNE

Invitation à la rêverie au Funambule Montmartre

© Chang Martin

Tirée du fameux journal de Stevenson, « Voyage avec un âne » est une ode réussie à la pérégrination. Aussi et surtout, cette pièce convoque dans sa forme – à travers une mise en scène astucieuse faite de brics et de brocs – l’essence artisanale du théâtre. Rencontre chaleureuse avec Clémence Pénicaut (co-autrice avec Maxime Bentegeat et comédienne), Fanette Jounieaux (metteuse en scène), Jean-Baptiste Debost (comédien), Clément Pellerin (comédien) et Christophe Paris (comédien), de la compagnie Les Charlatans.

Racontez-nous la genèse de Voyage avec un âne.

Jean-Baptiste Debost : Notre compagnie monte des spectacles en lien avec Stevenson depuis plusieurs années, avec notamment L’Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde et L’Île au trésor. Lors d’une tournée dans les Cévennes en 2019, l’association Stevenson nous commande une pièce inspirée du fameux récit de Stevenson… l’aventure de Voyage avec un âne commençait ! J’ai alors demandé à Clémence et Maxime d’écrire le texte, et à Fanette de nous mettre en scène.

Comment avez-vous abordé l’écriture de la pièce ?

Clémence Pénicaut : La première difficulté est qu’il s’agit d’un carnet de voyage très contemplatif, où il ne se passe pas grand chose dramaturgiquement. Nous avons finalement utilisé la rupture de Stevenson avec Fanny Osbourne avant son départ dan les Cévennes comme fil rouge : le voyage devenait une quête personnelle du héro, s’apparentant au cheminement du deuil. L’autre difficulté majeure consistait bien sûr à faire exister l’ânesse, Modestine

« LA RUPTURE DE STEVENSON AVEC FANNY OSBOURNE EST NOTRE FIL ROUGE : LE VOYAGE DEVIENT UNE QUÊTE PERSONNELLE DU HÉROS, S’APPARENTANT AU CHEMINEMENT DU DEUIL »

CLÉMENCE

Fanette Jounieaux : Nous avons en effet décidé que Clémence incarnerait l’ânesse.

Comment s’est opéré le passage du texte à la scène ?

Fanette : J’ai pensé cette mise en scène avec un mot en tête : l’artisanat. Tout est fait à vue, de l’installation du décor en début de spectacle aux changements de costume des comédiens. Nous avons également voulu nous départir des sons numériques, en réalisant les bruitages d’ambiance – le feu de camp, l’orage, les cigales, le vent – sur scène, avec des objets parfois improbables !

Clément Pellerin : Nous avons également dessiné les contours des personnages secondaires via un important travail d’écriture plateau. Aujourd’hui, Christophe et moi nous nourrissons du travail de l’autre et continuer à créer, c’est enthousiasmant !

Racontez-nous votre rencontre avec l’équipe du Funambule ?

Christophe Paris : C’est un peu par hasard que je suis tombé sur l’annonce de la première édition du festival Nouvel Acte, lancé par le Funambule et dédié aux compagnies émergentes. Après avoir candidaté et joué 4 dates en décembre, nous avons été désignés lauréats du festival, avec l’opportunité de jouer près de 80 dates au Funambule entre mai et septembre !

Quel accueil a reçu la pièce à Paris ?

Clémence : L’accueil est excellent !

Jean-Baptiste : Oui, le spectacle rassemble tout à la fois des férus de randonnée, des lecteurs de Stevenson et des familles. Cette hétérogénéité nous réjouit !

Un portrait chinois pour terminer… si vous étiez un type de voyage ou un objet de voyage vous seriez ?

Clémence : Un sac à dos !

Fanette : Probablement un couteau Suisse.

Christophe : Je serais une nuit à la belle étoile.

Jean-Baptiste : Je serais un voyage en péniche…

Clément : Je serais un voyage improvisé, où l’on connaît à peu près sa destination mais pas le chemin… pas très loin de la vie d’artiste !

Du 5 juillet au 13 août, au Théâtre du Funambule.

Par Sophie Geneste